Quatre personnes de plus se sont manifestées dans le dossier de Dominic Blanchette, cet enseignant de l’école primaire Adélard-Desrosiers déjà accusé d’agression sexuelle sur une fillette de 11 ans, a appris La Presse. Le professeur fait maintenant face à 16 nouveaux chefs d’accusation.

L’enseignant, dont le brevet a déjà été révoqué par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, fin mai, a comparu le 1er juillet dernier. Sa cause a ensuite été reportée au 4 juillet, au stade de son enquête sur mise en liberté. Dominic Blanchette doit d’ailleurs à nouveau comparaître ce mercredi, au palais de justice de Montréal.

Dans les derniers jours, des accusations provenant de quatre nouvelles personnes – qui sont seulement identifiées par leurs initiales – ont été déposées contre l’homme de 27 ans. On ignore si ces personnes, pour la plupart mineures, sont des élèves de l’école Adélard-Desrosiers.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

École primaire Adélard-Desrosiers, dans l’arrondissement de Montréal-Nord

En plus d’une agression sexuelle, Blanchette était déjà accusé de possession de pornographie juvénile, de partage de matériel sexuellement explicite et d’incitation à des contacts sexuels. Selon les documents consultés par La Presse mardi, 16 nouveaux chefs d’accusation s’ajoutent à cette liste.

Parmi ces nouveaux chefs, on en compte trois de possession de pornographie juvénile, trois d’agression sexuelle, trois d’incitation à des contacts sexuels et trois de contacts sexuels. L’enseignant est aussi accusé à trois reprises d’avoir « communiqué par un moyen de télécommunication » avec l’une de ses victimes présumées, « en vue de faciliter la perpétration à son égard d’une infraction » vraisemblablement sexuelle. On le soupçonne également d’avoir « rendu accessible, transmis, distribué ou vendu » du matériel « sexuellement explicite ».

Ces faits se seraient produits entre le 1er septembre 2017 et le 28 mai 2022, soit presque cinq ans, un laps de temps beaucoup plus long que celui couvert par la première accusation. Dans ce premier dossier, les autorités avaient indiqué que les faits s’étaient produits entre le 24 décembre et le 27 mai derniers, donc sur une période d’environ cinq mois.

« Tisser sa toile »

Pour Marwah Rizqy, députée libérale de Saint-Laurent et porte-parole de son parti en matière d’éducation, ces révélations sont majeures. « Ça montre à quel point un prédateur est capable de tisser sa toile pendant plusieurs années, et sur différentes victimes [alléguées]. Il est question d’enfants, d’élèves ! », a déclaré, scandalisée, la députée, jointe au téléphone.

À l’heure actuelle, Blanchette « demeure détenu dans l’attente des suites des procédures judiciaires », a confirmé à La Presse la porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), MAudrey Roy-Cloutier.

« Une ordonnance interdisant la publication de tout renseignement permettant d’identifier les victimes [alléguées] a été rendue par le tribunal et les procédures se poursuivront [mercredi], au stade de l’enquête sur mise en liberté », a aussi précisé la juriste.

Fin mai, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, avait annoncé que Dominic Blanchette ne pourrait plus pratiquer son métier, puisque son brevet allait être révoqué par le gouvernement. « Je vous confirme qu’il l’est. Ces comportements sont inadmissibles », a indiqué mardi M. Roberge.

Sur la révocation des brevets d’enseignant

Avec l’arrivée du protecteur national de l’élève – un résultat de la loi adoptée à la fin de mai (projet de loi 9) –, le ministre affirme que le traitement des plaintes sera « plus rapide, plus efficace et plus indépendant ».

Des formations sont maintenant obligatoires pour tous les intervenants scolaires afin de prévenir et contrer les violences à caractère sexuel. On met tout en place pour s'assurer que les élèves et le personnel soient en sécurité dans nos écoles.

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Selon M. Roberge, une dizaine de brevets d’enseignant sont révoqués chaque année « pour des situations qui sont malheureusement similaires ». « Entre huit et dix fois par année, ça se rend jusqu’au bureau du ministre », pour des gestes qui « remettent en question la santé et la sécurité des élèves », avait-il dit plus tôt, cette année.

La réalité, c’est que c’est toutefois très peu par rapport à l’Ontario, comme l’a démontré La Presse à la fin de juin. En Ontario, où un ordre des enseignants existe, 28 enseignants ont vu leur brevet révoqué dans la seule année 2020, dont 25 pour de mauvais traitements d’ordre sexuel. Au Québec, il a fallu cinq ans pour révoquer autant de brevets. En cinq ans, seulement 26 brevets ont été révoqués au Québec en raison « d’un antécédent judiciaire », 2 l’ayant été à la suite d’une plainte.

Dans les dernières semaines, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait indiqué que M. Blanchette « aurait occupé des emplois dans plus d’un établissement scolaire », et disait chercher d’autres de ses « victimes potentielles ». Les autorités invitent toute personne qui aurait des informations pertinentes en lien avec ce dossier ou qui voudrait porter plainte contre l’accusé à contacter le centre anonyme et confidentiel d’Info-Crime Montréal.