Le proxénète Westley Alectus, qui a forcé sa copine à se prostituer pendant quatre mois, a été condamné à trois ans de prison, mardi au palais de justice de Montréal. La victime, Iris*, a subi un choc post-traumatique après avoir été exploitée.

En décembre, l’ancien propriétaire de salons de massage a été reconnu coupable de trois accusations liées au proxénétisme ainsi qu’à un chef d’accusation de voies de fait. Entre décembre 2016 et Pâques 2017, Alectus a obligé sa copine à recevoir de trois à sept clients par jour, du mardi au samedi. Le criminel a aussi frappé cette dernière au visage après qu’elle ait refusé d’avoir des rapports sexuels avec lui, le jour de Pâques en 2017.

Le procureur de la Couronne, MCharles Doucet, demandait 42 mois d’emprisonnement. L’avocate de la défense, MAnna Ouahnich, visait deux ans moins un jour.

Je suis satisfait. C’est quand même un cas où on a cru le témoignage de la victime dans un contexte où il y avait des versions contradictoires.

MCharles Doucet, procureur de la Couronne

Comme la peine imposée au délinquant se rapproche de sa suggestion, MDoucet la juge tout de même « importante ».

Toutefois, le procureur s’est dit « moins satisfait » que Westley Alectus ne soit pas ajouté au Registre national des délinquants sexuels. Cette disposition est obligatoire pour certains crimes, mais dans le cas d’Alectus, il relevait de la discrétion du juge Pierre Dupras de prendre cette décision.

Circonstances

Parmi les facteurs aggravants, le juge a noté « l’appropriation de l’entièreté des sommes payées » à la victime, la durée de l’exploitation sexuelle et l’ambiguïté entretenue quant à leur relation. La décision soulève aussi « son projet de la faire travailler de nouveau quand elle revient à Montréal » et celui de la « faire travailler comme « escort » dans l’Ouest alors qu’elle lui avait fait comprendre qu’elle ne voulait plus faire ce travail. »

Il est également mentionné qu’Iris devait « se soumettre » à un nombre de clients si élevé qu’elle avait « des lésions au vagin ».

Même si Westley Alectus a frappé au visage sa victime, le juge retient « l’absence de violence autre que celle qui est inhérente à l’infraction de proxénétisme elle-même » comme facteur atténuant de la peine, puisque les accusations de voies de fait pour lesquelles le proxénète a été reconnu coupable ne semblaient « pas en lien avec une forme de coercition en vue de la commission des infractions de marchandise sexuelle ».

La décision écrite fait état d’un « diagnostic de choc post-traumatique » chez la victime. Elle a aussi ressenti de la honte, une angoisse extrême, une perte de confiance en soi ainsi que de libido.

Absences

Le Lavallois de 44 ans devait originellement se présenter devant le juge Dupras le 27 avril, à 14 heures. Deux heures plus tard, il n’était toujours pas physiquement au palais de justice de Montréal, ce qui a mené la Cour à lancer un mandat d’arrêt contre lui. Les constables spéciaux du palais ont arrêté le proxénète à son arrivée au greffe en fin d’après-midi, la journée même.

Le 5 mai, le Tribunal a voulu lui faire entendre sa sentence en mode virtuel. Le proxénète a refusé, voulant y assister en présence. Les employés de son centre de détention, sous les directives du juge et à la demande de son avocate, ont tenté de le faire sortir de sa cellule pour apparaître à l’écran. Au bout du fil, on a entendu une employée affirmer qu’Alectus les « aspergeait de liquide potentiellement biologique ». Dans ces circonstances, la sentence a été reportée à ce mardi.

Une cinquantaine de jours seront soustraits de la durée de la peine, en raison du temps passé par le proxénète en détention provisoire.

* Nom fictif pour protéger l’anonymat de la victime