La Sûreté du Québec (SQ) a-t-elle réalisé un second rapport secret sur l’attentat du Métropolis ? L’avocate des survivants de l’attentat a lancé ce pavé dans la mare lundi, alors que la SQ a réclamé plus de temps pour « rafraîchir la mémoire » des policiers afin d’éclairer le juge sur les mystérieuses menaces lancées contre Pauline Marois.

« On a compris dans les derniers jours, de conversations informelles qu’on a, qu’il y avait un rapport qui a été commandé avant le rapport exécutif. Ce sont des informations qu’on nous rapporte. Je n’ai pas plus d’informations », a affirmé MVirginie Dufresne-Lemire lundi après-midi au palais de justice de Montréal.

C’est la première fois que l’existence d’un possible second rapport de la SQ est soulevée depuis le début de ce procès aux nombreux rebondissements. « Ça aurait du sens parce que le rapport [exécutif] a été demandé quatre mois après les évènements », a fait valoir l’avocate des demandeurs. Ceux-ci demandent au moins 600 000 $ aux corps policiers. Les avocats de la SQ n’ont pas commenté cette allégation devant le juge.

Caché au public pendant 10 ans, le contenu du rapport « exécutif » a été révélé au public à la suite d’une décision du juge Philippe Bélanger. La SQ s’est en effet battue pour que ce rapport très peu critique à l’égard du corps policier ne soit pas déposé en preuve.

Pendant les procédures judiciaires, la SQ a d’abord nié l’existence du rapport « exécutif ». Un ex-officier de la SQ a par ailleurs avoué s’être fait dicter les conclusions de ce rapport par l’état-major.

Le mystère des six menaces

Le procès a pris une tournure inattendue, la semaine dernière, lorsque le juge Bélanger a exceptionnellement ordonné à la SQ de faire la lumière sur les six menaces lancées contre Pauline Marois le jour des élections de 2012. Aucun témoin de la SQ n’a été en mesure de détailler ces menaces pourtant « documentées ou autrement consignées », s’est étonné le juge. Même l’auteur du rapport « exécutif » ne s’en souvenait pas.

Ainsi, le juge Bélanger réclame des réponses à ces trois questions : « Quelles sont les six menaces en question ? », « Par qui ont-elles été enquêtées ? » et « À qui ont-elles été communiquées ? »

Un document permettant de répondre entièrement aux questions du juge n’a « malheureusement pas été retracé » par la SQ, a indiqué MJulien Bernard. Cependant, l’avocat du Procureur général du Québec (PGQ) – qui représente la SQ – a indiqué au juge avoir « espoir » de répondre à ces questions d’ici « 7 à 10 jours ».

Des mémoires à rafraîchir

« Je trouve ça étonnant qu’il n’y ait pas de document qui relate ces menaces et qui fait état des démarches qui ont été faites, étant donné qu’on a un rapport qui fait état de six menaces enquêtées promptement », a dit l’avocate des demandeurs.

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de document sur rien, je dis que je n’ai pas de document qui répond à toutes vos questions. On veut s’assurer de tout avoir, et d’avoir le portrait le plus complet. Je ne suis pas en train de dire qu’il n’existe pas de document.

MJulien Bernard, avocat du Procureur général du Québec

Comme les évènements remontent à 10 ans, il sera aussi nécessaire de « rafraîchir la mémoire » de plusieurs témoins, même ceux qui ont déjà témoigné sous serment devant le juge, selon le PGQ.

La cause a été reportée au 9 mai.