Un père de six enfants qui protégeait l’un de ses fils a été poignardé et battu à mort par de jeunes hommes il y a deux ans à Montréal. Une attaque « sauvage » et « extrêmement brutale » qui a plongé sa famille dans un profond désespoir. « Giovanni aurait donné sa vie pour sa famille. Et c’est ce qu’il a fait », a confié sa veuve à la cour vendredi.

Noah Pépin, le principal assaillant de Giovanni Bucchianico, a été reconnu coupable par un jury de meurtre au second degré et de voies de fait graves ce mois-ci au palais de justice de Montréal.

Vendredi, lors des observations sur la peine, la Couronne a réclamé la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ou 14 ans, alors que la défense a demandé l’imposition de la période minimum d’inadmissibilité de 10 ans en insistant sur le jeune âge de Noah Pépin, 19 ans à l’époque.

Ce meurtre d’une rare brutalité est survenu le 20 juillet 2019 dans le quartier Villeray. Ce soir-là, Johnny Hachey Bucchianico, un jeune adulte, a réclamé l’aide de son père après avoir été passé à tabac par de jeunes hommes.

Arrivé en renfort, Giovanni Bucchianico – armé d’un bâton de baseball – et Johnny ont localisé les assaillants à un party BBQ rue Louis-Hémon. Mais ceux-ci les ont aussitôt repérés, puis attaqués sur le trottoir. Une vidéo présentée au jury montre toute la violence de l’attaque. Giovanni et son fils n’ont pas eu le temps de réagir, encore moins de se défendre.

Giovanni Bucchianico a été piétiné, frappé à coups de poings et de pieds, brutalement battu avec un bâton et, surtout, poignardé à 14 reprises. Quatre ou cinq personnes ont pris part à l’attaque, mais un seul homme est resté du début à la fin pour frapper le père de famille : Noah Pépin. Selon la Couronne, le jeune homme a poignardé la victime à plusieurs reprises. On le voit d’ailleurs s’acharner sur la victime pendant de longues secondes sur la vidéo.

« M. Pépin est le principal acteur de cette attaque sauvage. Ses actions demeurent extrêmement violentes, brutales et sauvages. L’accusé a attaqué de façon incessante, du début jusqu’à la fin. […] Il tient la victime et lui donne coup après coup. La preuve démontre que la victime n’avait aucune chance de se protéger », a plaidé la procureure de la Couronne Geneviève Gravel, qui fait équipe avec MMarie-Claude Bourassa.

Après avoir « achevé » Giovanni, Noah Pépin est parti « nonchalamment » en prenant bien soin de donner un coup de pied et un coup de couteau à Johnny qui avait été sévèrement battu. Un comportement qui montre la « froideur » du meurtrier, selon MGravel. De plus, alors que de bons Samaritains tentaient d’aider les victimes, Noah Pépin les a menacés de mort.

« Pas un danger pour la société »

Contrairement à la poursuite, la défense ne relève aucun facteur aggravant dans cette affaire. En effet, Noah Pépin est dépeint comme un étudiant sur le chemin de la réhabilitation qui était attaqué ce soir-là. Jamais il n’a prémédité ou planifié son crime. « Il n’est pas un danger pour la société », a plaidé son avocate, MSharon Sandiford.

« Il avait seulement 19 ans ! Est-ce qu’il aurait pu faire autre chose ? Oui. Mais c’est facile de parler après les faits, surtout quand tu as 19 ans, sachant que le cerveau se développe jusqu’à 25 ans. Est-ce qu’il a mal réagi ? Oui. Est-ce qu’il a donné trop de coups ? Oui. Mais il avait 19 ans ! », a insisté MSandiford, qui réclame la peine minimale pour meurtre.

Depuis la mort du « pilier » de la famille, sa veuve Suzanne Hachey vit une véritable « descente aux enfers », alors que leurs six enfants peinent à se relever. « J’ai perdu toute source de bonheur. J’ai le cœur brisé. Et cela peut-être à jamais. La vie a complètement changé autour de moi », confie-t-elle dans une lettre lue à la cour par une intervenante.

Giovanni restera toujours un homme travaillant, souriant, rempli de connaissances, serviable et farceur. Il était un homme calme, doux et dédié. Il était un homme protecteur. Giovanni, à jamais, tu resteras notre héros.

Suzanne Hachey, veuve de Giovanni Bucchianico

Notons qu’un autre assaillant, Tanvirul Haque, 22 ans, a plaidé coupable à une accusation d’homicide involontaire et attend sa peine. Un autre homme, Matthew Morin-Pereira – le fils de l’ancien syndicaliste Ken Pereira –, a écopé de 90 jours de prison la fin de semaine après avoir plaidé coupable à une accusation de voies de fait graves le printemps dernier.

Le juge Pierre Labrie rendra sa sentence vendredi prochain.