La candidate de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Mirabel, Sylvie D'Amours, souhaite revoir de fond en comble la manière dont la Société des alcools (SAQ) met en valeur les vins d'ici. C'est un enjeu qu'elle connaît fort bien puisqu'elle est elle-même vigneronne.

À son domaine de Saint-Joseph-du-Lac, Les Vents d'Ange, elle produit du vin depuis cinq ans. Elle souhaite maintenant représenter la viticulture d'ici à Québec.

Elle croit notamment que les vins québécois ne sont pas suffisamment valorisés, en particulier à la SAQ. La candidate désire que le monopole d'État leur donne plus de place.

«Quand on veut vendre nos vins, on n'a pas de place sur les tablettes, au Québec, explique Sylvie D'Amours. En Ontario, 75% des tablettes sont occupées par les vins ontariens.»

Selon elle, les subventions que le gouvernement accorde aux producteurs pour démarrer leur vignoble, autant du côté des vignes que de la vinification, sont adéquates. C'est la mise en marché qui pose problème.

La candidate regrette que l'industrie viticole soit assujettie à plus d'un ministère et voudrait que celui de l'Agriculture soit le seul à attribuer les permis nécessaires aux vignerons.

Servir davantage de vins d'ici

Sylvie D'Amours promet que la CAQ donnera plus de visibilité aux vins québécois. Elle déplore que la délégation du Québec à Paris offre du champagne à ses invités plutôt que des cuvées d'ici. Elle dénonce aussi le fait que les ministères servent des bouteilles produites à l'étranger à leurs invités.

«Un gouvernement caquiste sera le premier à donner l'exemple, dit-elle. Partout où le gouvernement sera, où il y aura un congrès, des représentations de ministres, il y aura des vins québécois sur les tables.»

La CAQ n'est pas le seul parti à miser sur le monopole d'État afin de mieux valoriser les producteurs d'ici. Dans son programme adopté l'an dernier, le Parti québécois explique qu'il souhaite faciliter l'intégration des alcools artisanaux dans les succursales de la SAQ.

Le Parti libéral croit pour sa part que la SAQ «offre une vitrine exceptionnelle à nos producteurs vinicoles». La porte-parole du parti Cynthia Byrne souligne que les ventes des produits d'ici à la SAQ sont en hausse depuis 10 ans.

Les Vents d'Ange

Si le domaine Les Vents d'Ange produit du vin depuis 2007, Sylvie D'Amours est toutefois mieux connue pour la culture de la courge. Les installations touristiques qu'elle a mises en place dans les années 90, dont un musée consacré aux cucurbitacées, en ont fait une référence en matière d'agrotourisme.

La femme d'affaires ne cache pas qu'elle a planté des vignes d'abord dans le but de diversifier son offre agrotouristique plutôt que pour produire du vin. Son domaine est devenu en 2005 le premier à offrir au public de venir cueillir du raisin.

La pluie reçue à l'automne 2007 a cependant forcé l'agricultrice à récolter ses fruits plus tôt que prévu.

«Tu fais quoi, avec une récolte complète? Tu fais du vin, raconte Mme D'Amours. Depuis, mon mari a le vent dans les voiles.»

Ce changement de vocation explique pourquoi elle produit du vin à partir de certaines variétés souvent utilisées comme raisin de table, dont le Montréal Blue. Le domaine possède trois hectares de vignes et produit six cuvées différentes.

Du vin et de la bière

Après la culture de la courge et la production de vin, Sylvie D'Amours vise désormais le brassage de bière. Elle cultive déjà son orge et produit son malt. Elle attribue ce nouveau projet à sa fille Catherine et à son conjoint, Louis-David, qu'elle décrit comme la relève de son entreprise.

«Cette génération est axée plus sur la bière que sur le vin, juge Sylvie D'Amours. Et pour mettre leur couleur dans l'entreprise, ils ont décidé de faire de la bière. On les a suivis.»

Le domaine commercialisera les premières bouteilles dès l'automne.