Michèle Courchesne s'est retrouvée sur la sellette, hier, durant le témoignage de l'organisateur politique Gilles Cloutier. En 2007, l'ex-ministre libérale responsable de Laval aurait demandé à l'ingénieur Rosaire Sauriol de Dessau de l'aider dans la circonscription de Chomedey. L'ex-policier Guy Ouellette venait d'y être nommé candidat-vedette et avait besoin d'un organisateur.

Gilles Cloutier a ainsi été «prêté» par la firme Dessau à la campagne de la nouvelle recrue libérale. L'organisateur politique a toutefois été congédié 12 jours plus tard, quand le candidat Ouellette a appris qu'il faisait l'objet d'une enquête du Bureau de la concurrence.

Mme Courchesne a fermement nié hier avoir choisi elle-même M. Cloutier. «Il dit que je l'ai recommandé. C'est absolument faux. Par contre, quand on a demandé mon avis, il y avait deux noms d'organisateurs et j'ai dit qu'entre les deux, M. Cloutier connaissait l'organisation d'élections. Je ne l'ai pas recommandé, mais je ne me suis pas opposée à ce qu'il joue un rôle».

«Je ne sais pas qui l'avait proposé pour cette élection, a-t-elle poursuivi. Il y avait toutes sortes de rumeurs, de ouï-dire. Il n'a jamais participé à mon financement, j'ai encore vérifié lundi.»

Or, une source libérale a confirmé hier la version de Gilles Cloutier. Mme Courchesne aurait bel et bien appelé Rosaire Sauriol. Et elle lui aurait demandé de libérer M. Cloutier afin qu'il travaille comme organisateur de campagne du nouveau candidat.

M. Cloutier avait déjà travaillé à l'élection municipale de Mme Courchesne en 1981 pour le parti PRO Laval. Elle avait été conseillère élue à 28 ans. «J'étais arrivée peu de temps avant l'élection. Quelqu'un me l'avait envoyé à la dernière minute. Je n'avais pas reparlé à cet homme pendant 10 ans», a-t-elle rapporté. «Quand j'ai été élue en 2003, j'avais dit à mon entourage que je ne voulais pas le voir dans mon organisation, a-t-elle ajouté. Quand il est réapparu dans Chomedey, j'ai dit aux gens de s'en méfier et de le surveiller.»

Guy Ouellette a été avare de commentaires, hier. Le député libéral a rappelé qu'il s'était rapidement débarrassé de l'organisateur. «Lors de son départ, j'ai référé aux autorités compétentes le pourquoi du comment il était à mon service pendant seulement 12 jours. Pour le reste, je vais laisser la Commission faire son travail», a-t-il dit.

Au lieu de céder à la partisanerie, le député caquiste Jacques Duchesneau l'a défendu. «Aussitôt que [M. Ouellette] l'a su, il l'a mis dehors. Je pense qu'il a pris une bonne décision. Souvent, quand on va en politique, on ne connaît pas les gens qui nous entourent», a-t-il commenté.

Dans les coulisses, un ancien membre du gouvernement Charest a soutenu que M. Cloutier était un proche de Jean-Marc Fournier. L'organisateur «avait fait deux ou trois élections» avec M.Fournier, disait-on. Mais après avoir pris contact avec le cabinet de M. Fournier, on s'est subitement ravisé. «C'était une erreur», a-t-on conclu, laconiquement.

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