Les autorités de 16 pays, dont le Canada, ont participé à une opération mondiale contre un logiciel malveillant sophistiqué permettant aux cybercriminels de prendre le contrôle d'un ordinateur et de la caméra qui y est connectée.

Des accusations ont été annoncées lundi contre au moins 97 personnes se trouvant un peu partout sur la planète.

Plus de 350 propriétés ont fait l'objet de perquisitions, la semaine dernière, dans le cadre de l'opération, dont 15 au Québec. La police dit avoir arrêté des gens soupçonnés d'avoir utilisé ou distribué le logiciel en question, appelé BlackShades.

L'agent Philippe Gravel, un enquêteur du Groupe intégré de la criminalité technologique de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au Québec, dit s'attendre à ce que des accusations soient également déposées au Québec. M. Gravel précise que des demeures ont été fouillées et des ordinateurs saisis, et que les données font toujours l'objet d'analyses.

De son côté, le ministre fédéral de la Sécurité publique Steven Blaney a publié un communiqué saluant l'opération pour empêcher que des «dégâts supplémentaires» ne soient commis en raison de la prolifération de tels réseaux de cybercriminalité.

Selon le FBI, l'outil d'accès à distance BlackShades est vendu depuis au moins 2010 à plusieurs milliers d'utilisateurs. L'agence indique que l'un des co-créateurs du programme coopère désormais avec le gouvernement et a fourni d'importantes informations.

Le logiciel malicieux permet aux pirates de dérober des informations personnelles, intercepter des commandes tapées au clavier et prendre le contrôle des webcams pour enregistrer les usagers en secret. BlackShades peut également être utilisé pour encrypter et verrouiller des données informatiques, empêchant leurs propriétaires légitimes d'en récupérer l'accès à moins qu'ils ne versent une rançon.

Des experts en sécurité ont lié le programme à des attaques, en 2012, contre des dissidents syriens, et des tentatives de voler des données dans une dizaine d'organisations françaises l'an dernier. Le faible coût de cet outil l'a rendu de plus en plus populaire dans le monde interlope du piratage, où des variantes du logiciel circulent depuis des années.

L'an dernier, la firme de sécurité Symantec a fait savoir que l'utilisation de BlackShades était en hausse, alors qu'une licence du programme se vend de 40 à 100 $.

En France, des opérations policières ont eu lieu la semaine dernière, après que le FBI eut arrêté deux développeurs de BlackShades et distribué une liste de clients ayant acheté le programme. Lundi, les agences de coordination policière Europol et Eurojust, sises à La Haie, aux Pays-Bas, ont indiqué que les autorités policières de 13 pays européens - l'Autriche, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Croatie, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Moldavie, les Pays-Bas et la Suisse - et le Canada, les États-Unis et le Chili ont perquisitionné dans 359 propriétés et se sont emparés d'argent, d'armes à feu, de drogues et de plus de 1000 systèmes de stockage de données.

Les deux agences ont toutefois refusé de donner des détails selon les divers pays, voire même de préciser les dates des raids policiers.

Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, la GRC demande aux Canadiens de s'assurer de disposer d'un logiciel antivirus, de ne jamais ouvrir des courriels inconnus et de ne pas cliquer sur des liens Internet douteux.