Il y a des expériences qu'on n'oublie jamais. Se retrouver pour un week-end au coeur de Gion, le quartier des geishas à Kyoto, en fait partie.

À Kyoto, on commence par découvrir la ville par le grand boulevard Shijio Dori, animé, mais quand même assez calme pour quiconque arrive de Tokyo. C'est samedi, et une foule détendue fait ses courses. Plusieurs magasineurs, femmes, hommes et enfants, portent le kimono.

Puis, on franchit le pont de la rivière Kamo. C'est là, en attendant le feu vert pour traverser, que nous l'avons vue. Une geisha. Ma première geisha en chair ou en os. Ou presque, vu qu'elle était dans un taxi, en grande tenue, probablement en route vers son premier rendez-vous de cette chaude soirée d'été.

Voilà qui commence bien un séjour dans ce quartier où vivent la plupart des geishas du Japon.

Les geishas sont ce qu'on peut appeler une espèce en voie d'extinction. Il n'y en aurait plus que quelques centaines dans tout le pays, de ces dames de compagnie qui maîtrisent tant le chant, la danse que la conversation. Comme elles pratiquent leur art dans les salons de thé ou les maisons privées et que leurs services coûtent très cher, les geishas ne sont pas pour les touristes. En voir une est déjà un exploit, semble-t-il.

Gion est le quartier où les geishas vivent et travaillent. C'est là qu'elles apprennent leur métier de grandes prêtresses du divertissement. Jouer du shamisen (un instrument à cordes traditionnel), créer des arrangements floraux, officier à la cérémonie du thé, autant de spécialités qui s'enseignent dans des écoles du voisinage.

Gion, c'est aussi un quartier préservé de la modernité, avec ses canaux bordés de saules et de cerisiers, ses maisons de thé et ses artisans. Calme le jour, il s'anime quand la nuit tombe.

Dormir dans une machiya

Dans la petite rue Shinmonzen, au coeur de ce quartier magique, l'ancienne maison d'un marchand de fleurs accueille aujourd'hui les touristes. C'est le projet et aussi le gagne-pain de Iori, une entreprise locale qui rénove ces machiya (vieilles maisons en japonais) et les loue aux visiteurs pour une expérience hors du commun.

Selon le porte-parole de l'entreprise, Kouki Tanaka, les hôtes de Iori sont pour la moitié japonais et pour l'autre moitié étrangers, canadiens, américains et européens. Il est possible de louer une machiya pour une nuit, une semaine, un mois ou plus. L'entreprise prend les réservations à partir de trois mois à l'avance. Les périodes les plus populaires sont le printemps, pour les cerisiers en fleurs, l'automne, pour les couleurs des feuilles et l'hiver, quand une trace de neige décore les toits des nombreux temples de la ville.

Une dizaine de maisonnettes sont disponibles. Elles peuvent accueillir de 2 à 14 personnes, ont été minutieusement rénovées dans le respect de l'architecture et des matériaux traditionnels. Elles ont été rendues plus confortables par l'ajout de technologies qui n'existaient pas lors de leur construction: l'internet haute vitesse, la climatisation, les toilettes technos de Toto...

Une fois franchi le porche, notre machiya nous livre ses secrets. Il y a des poutres de bois, de hauts plafonds, des meubles traditionnels, des oeuvres d'art au mur. Des salles de bains avec lavabo en céramique artisanale, dont une qui donne sur le plus beau petit jardin qu'on puisse trouver au coeur d'une ville. Il y a aussi une cuisine bien équipée, des fauteuils confortables, des futons moelleux. Pour un peu, on ne mettrait pas le nez dehors. Comment dit-on cocooning en japonais?

Mais personne ne peut résister à l'attrait de la ville à la culture millénaire, qui abrite une centaine de temples et de sanctuaires, dont 13 font partie du patrimoine mondial de l'UNESCO. Ces trésors de Kyoto se laissent facilement découvrir à pied ou à vélo.

Les hôtes de Iori non pas seulement accès à un hébergement de grande classe, ils peuvent aussi s'offrir une immersion au coeur de la culture japonaise. Des ateliers de théâtre, de calligraphie ou d'arts martiaux sont offerts, de même que des visites chez des artisans.

C'est, pour un touriste, la meilleure façon de connaître mieux un pays qui ne se laisse pas découvrir facilement. Et une expérience qu'on n'oublie pas.

Pour visiter les machiya, consulter le programme culturel ou réserver: www.kyoto-machiya.com

Photo fournie par Iori

Dans une des machiya de Iori, une salle de bains avec lavabo en céramique artisanale. Elle donne sur un petit jardin (photo ci-dessus).

QUOI FAIRE À KYOTO

Louer un vélo pour visiter plus de temples, plus de musées, et plus de jardins.

Pour changer de la soupe miso, du poisson et du riz, s'offrir les croissants frais du grand magasin Takashimaya pour le petit-déjeuner du lendemain, dans le confort de la machiya.

Louer des kimonos pour sortir en ville le soir.

S'acheter à manger au merveilleux marché Nishiki, situé à distance de marche, pour un repas maison vite fait.

Se mêler à la foule sur le Pontocho, et essayer un de ses restaurants typiques en bordure de la rivière Kamo.

Magasiner dans la galerie couverte Teramachi, sorte de plaza Saint-Hubert où l'on trouve de tout.

Photo fournie par Iori

Il est possible de louer une machiya, maison rtaditionnelle pour une nuit, une semaine, un mois ou plus.