Reconnue pour ses plages, sa culture, mais aussi pour sa spiritualité, l'île indonésienne de Bali attire de nombreux touristes à la recherche de bien-être. Guide pratique pour partir sur les traces de l'auteure du livre à succès Mange, prie, aime.

En écrivant sa quête de paix intérieure autour du monde, l'auteure Elizabeth Gilbert n'a pas publié qu'un best-seller. Elle a aussi entraîné une vague de touristes dans son sillage. C'est le cas notamment à Ubud, joyau culturel de Bali, où elle raconte avoir trouvé l'équilibre dans les bras d'un amant brésilien, tout en observant un régime de yoga et de méditation. Embarquement pour la ville devenue la Mecque de la recherche du bien-être.

Ketut Liyer 

Assis en indien sur sa terrasse, le sourire édenté et l'âge indéfinissable, Ketut Liyer est fidèle au portrait qu'en a fait Elizabeth Gilbert. Aujourd'hui, les chauffeurs de taxi ne s'étonnent plus de conduire des touristes à sa demeure. Guérisseur de son état, il est à l'origine du périple de l'auteure, à qui il avait prédit lors d'un premier voyage à Bali qu'elle allait revenir le voir afin qu'il lui enseigne tout son savoir. Selon le fils de Ketut Liyer, qui s'occupe des considérations pécuniaires, en moyenne 25 personnes viennent maintenant le consulter chaque jour pour des conseils, distillés dans un anglais approximatif. À 250 000 roupies (24$) la séance, qui peut durer bien moins longtemps que les 30 minutes promises, l'entreprise est très lucrative. Chance et succès attendaient tous ceux à qui il a prédit l'avenir lors de notre passage.

Yoga 

Aux planches de surf des plages survoltées de Kuta, Ubud oppose ses tapis de yoga et son ambiance zen. La ville possède une quantité impressionnante d'écoles accueillant leur lot de yogis amateurs ou expérimentés. Au centre Yoga Barn, des professeurs au nom comme Gypsy donnent plus d'une dizaine de cours chaque jour dans un cadre enchanteur. La clientèle, majoritairement jeune et féminine, se retrouve après les enchaînements de postures au restaurant du centre, le Garden Kafe, pour discuter en chuchotant devant un curry au tofu et un jus vert. Des services de toutes sortes (retraites de yoga, cures de détoxification, classes de méditation, concerts thérapeutiques, lavements, etc.) sont proposés, et il est également possible de se loger sur place.

http://www.theyogabarn.com/

Cuisine 

D'accord, ce n'est pas à Bali mais en Italie qu'Elizabeth Gilbert a gagné les «12 kilos les plus heureux de sa vie». Reste que la cuisine de l'île, savoureuse, fait pleinement partie de ses charmes. C'est tout particulièrement le cas du bebek betutu, un plat de canard qui est une spécialité de Bali, servi traditionnellement lors des fêtes. Il vous faudra cependant prévoir le coup et réserver une journée d'avance pour y goûter, car la viande emballée dans des feuilles doit cuire pendant de longues heures dans des épices. À déguster dans un restaurant dont la vue donne sur les rizières, comme sur Monkey Forest Road.

Massage balinais 

Après une journée de vélo dans les rizières ou un blitz de yoga, pourquoi ne pas succomber au vigoureux massage balinais? La plupart des hôtels touristiques possèdent leur propre spa, mais il est aussi possible de suivre l'une des nombreuses femmes qui distribuent les prospectus de leur institut dans la rue. Pour aussi peu que 10$ l'heure, l'offre est tentante, mais le professionnalisme des thérapeutes peut varier. Avertissement pour qui tente le massage traditionnel balinais pour la première fois; l'expérience peut être surprenante, craquement de doigts, percussions sur la plante des pieds et massage de la poitrine inclus. Connaître quelques mots d'indonésien (par exemple, «tidak», qui signifie non) s'avère utile dans ce contexte pour fixer ses limites ou communiquer ses préférences.

Où se loger? 

Sania's House

Au coeur d'Ubud, mais dans une rue tranquille, cet hôtel familial de 21 chambres se déploie en hauteur autour d'un jardin luxuriant. Des offrandes sont déposées tous les jours dans le temple construit à même la cour intérieure, qui comprend aussi une piscine et une petite bibliothèque. Les chambres les plus modestes - mais respectables - coûtent une vingtaine de dollars par nuit, mais comptez davantage pour celles dotées d'un lit à baldaquin et ornées de magnifiques portes de bois travaillé. Le détail qui fait toute la différence: le petit déjeuner servi sur la terrasse privée.

Jalan Karna 7, Ubud, Bali

PHOTO SONNY TUMBELAKA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Depuis la publication de Mange, prie, aime, les touristes sont nombreux à demander conseil à Ketut Liyer, qui a inspiré l'auteure du livre à succès

Le tourisme des guérisseurs: guide pratique

Les balians, ces guérisseurs traditionnels de Bali, attirent aujourd'hui des foules de touristes venus de partout dans le monde. Nombreux sont ceux qui cherchent une rencontre pour des soins de santé, mais aussi par pure curiosité. Peu importe le motif, voici quelques conseils pour éviter les mauvaises surprises.

Avant de s'y rendre 

Il est préférable de prendre rendez-vous avant de se présenter chez un balian. Renseignez-vous sur la technique du guérisseur pour décider si celle-ci vous conviendra. Les techniques sont très variées. Si le motif de votre visite est simplement la curiosité, assurez-vous que ceci est acceptable pour le balian que vous souhaitez visiter. Certains estiment que le temps passé avec un curieux pourrait priver une personne vraiment malade d'un traitement essentiel.

À éviter 

Si quelqu'un vous sollicite dans un restaurant en prétendant être balian, c'est une arnaque. Les balians ne se tiennent pas dans les endroits touristiques, ils se trouvent dans leurs villages. Souvent, il faut faire la file avec les gens du coin pour les voir.

Sachez que la magie noire est très présente dans l'île. Même si cette pratique ne fait pas partie des croyances nord-américaines, mieux vaut éviter ceux qui l'exercent. La magie noire implique de faire du tort à une autre personne. Tout bon balian aura appris les dessous de la magie noire pour la comprendre, mais refusera de l'utiliser. Un balian est aussi bon que l'intention qui le guide. N'hésitez pas à poser des questions.

Nombreuses sont les coutumes à respecter pour la rencontre, telle que l'habit à porter, les offrandes à fournir et les faux pas culturels à éviter (il ne faut jamais par exemple jamais toucher la tête d'un Balinais ou pointer ses pieds vers lui). En apprendre un peu sur les coutumes de base de Bali et être accompagné par un Balinais facilitera vos rencontres. La plupart des balians n'auront pas eu la chance d'apprendre une langue étrangère. Il est donc essentiel d'être accompagné d'une personne qui fera le pont culturel et linguistique. Mesdames, il est plus sage d'éviter de se rendre à un rendez-vous seule.

À quoi s'attendre 

Parmi les nombreuses techniques de guérisons utilisées à Bali, on compte notamment les traitements par mixtures d'herbes et de racines médicinales. Il est préférable de se renseigner sur le contenu de ce qui vous est offert. Si vous décidez de tenter l'expérience, assurez-vous que les mixtures pourront être consommées après la rencontre. Soit parce qu'elles auront été mises en bouteille par le guérisseur lui-même, ou que vous aurez accès à un frigo et une bouilloire dans votre chambre d'hôtel pour la prise des herbes fraîches en tisanes. La mort d'une jeune Canadienne, qui a succombé après avoir bu une tisane hallucinogène durant une séance avec un chaman au Pérou, nous rappelle que la prudence est toujours de mise.

Attendez-vous à ce que votre traitement soit prodigué devant les autres clients sur place. Il n'est pas rare que l'expérience se fasse en compagnie d'une douzaine de villageois venus se libérer de leurs démons, par exemple. La balian entre en transe et tente de guérir les patients avec des techniques qui pourraient choquer un Nord-Américain cartésien. Les patients dansent jusqu'à ce qu'ils entrent en transe. Ensuite, ils s'assoient un à un au centre d'un cercle humain où plusieurs personnes percutent le corps du patient avec leurs mains, coupant ainsi symboliquement le mal à l'intérieur du corps de celui qui subit le traitement.

Superstitieux et coeurs sensibles s'abstenir.

Nous avons aussi visité un balian en banlieue d'Ubud qui utilise des techniques que l'on pourrait qualifier de plus douces. Ce guérisseur accueille des touristes venus des quatre coins du monde. Traitement de points de pressions, pratiques énergétiques et spirituelles font partie des techniques de guérison de ce balian. Il aide aussi ceux qui méditent à réduire les blocages physiques et émotifs.

Plus de balians que de médecins 

«Il y a environ trois guérisseurs et un médecin dans chaque village de Bali», affirme Made Surya. Avec ses 716 villages, l'île fournit plus de balians que de médecins. Pour toute urgence médicale, vous pouvez néanmoins vous rendre dans l'un des 51 hôpitaux de l'île. Kadek Rencane, notre guide touristique, nous explique que dans son village, «la majorité de la nouvelle génération de jeunes Balinais ne croit pas aux balians. Ils vont quand même les consulter pour une seconde opinion après avoir vu le médecin.» 

Comment trouver un balian? 

Plusieurs sites web et blogues proposent des balians qui acceptent les rendez-vous avec des touristes, comme celui du spa Taksu. 

http://www.taksuspa.com/

L'entreprise Bali Healers offre des ateliers pour ceux qui veulent en apprendre davantage sur les guérisseurs de Bali. Ces ateliers incluent une ou plusieurs visites avec des balians. Made Surya, qui donne les ateliers, est reconnu comme un expert du sujet.

http://www.balihealers.com/