Le nombre de touristes chinois en Corée du Sud s'est effondré des deux tiers en avril, après l'interdiction par Pékin des voyages de groupe à la suite du déploiement par Séoul d'un bouclier antimissiles américain, selon des statistiques officielles publiées mardi.

Pékin a interdit à partir du 15 mars aux groupes de touristes chinois de se rendre en Corée du Sud à cause de l'installation du système Thaad (Terminal High Altitude Area Defense) dans ce pays.

Séoul et Washington assurent que le bouclier a des visées purement défensives face aux menaces venues de Corée du Nord.

Mais Pékin considère que le système Thaad et son puissant radar sont susceptibles de réduire l'efficacité de ses propres systèmes de missiles. La Chine a réagi avec colère, imposant une série de décisions vues à Séoul comme des mesures de rétorsion économique.

Les statistiques d'avril publiées par l'Organisation du tourisme coréen (KTO) sont les premières à porter sur un mois entier depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction. Au total, 227 811 touristes chinois se sont rendus en Corée du Sud, soit une baisse de 66,6% sur un an (682 318 en avril 2016).

Le nombre global de touristes a également chuté sur un an, de 27,2%, à 1,07 million, ajoute KTO.

Cette baisse a des conséquences sur les magasins hors taxes de Corée du Sud, dont 70% du chiffre d'affaires est assuré par une clientèle chinoise, avait déclaré auparavant une porte-parole du géant de la vente au détail Lotte.

L'unité Lotte Duty Free du cinquième conglomérat sud-coréen a enregistré sur un an une baisse de 40% de ses ventes auprès de clients chinois depuis l'interdiction des voyages de touristes chinois.

Lotte a dû fermer 85 de ses 99 magasins en Chine à la suite d'appels au boycottage lancés alors que le groupe venait d'accepter de fournir un terrain de golf pour que le bouclier Thaad puisse y être déployé.

Pour le seul premier semestre 2017, les pertes accumulées du groupe devraient atteindre un milliard de dollars, selon les estimations.

La Corée du Sud tente de faire face en attirant davantage de ressortissants d'autres pays, en particulier du Japon et de nations du Sud-Est asiatique. Néanmoins, les tensions régionales croissantes dues aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord dissuadent les touristes japonais de faire le voyage. Leur nombre a chuté de 5,4% en avril, selon KTO.