Vêtu d'un costume à col Mao, le jeune massothérapeute semble sortir du Lotus bleu de Tintin. Il apporte une bassine d'eau brûlante, dans laquelle flottent des fleurs séchées. Il faut y tremper les pieds. Impossible, l'eau est trop chaude pour ma peau sensible d'Occidentale.

Wei Kong-Fan, 24 ans, le massothérapeute ajoute de l'eau froide en se moquant gentiment de sa cliente. «Il y a des Occidentaux qui viennent se faire masser les pieds tous les soirs de leur séjour à Shanghai», dit-il.

Le forfait est peu cher: pour 98 yuans (environ 16$), on reçoit 70 minutes de traitement chez Tang Massage, qui a plusieurs succursales en Chine.

On se sent en visite chez une vieille tante chinoise, s'il advenait qu'on en ait une. Le massage de pieds est donné dans une salle pouvant accueillir trois clients, assis dans de gros fauteuils rembourrés. On commande un thé à 10 yuans, soit 1,65$. La tapisserie et les coussins sont fleuris, un téléviseur plat accroché au mur diffuse China's Got Talent en chinois.

La dernière génération?

Surprise: pendant que les pieds font trempette, Wei Kong-Fan nous masse le haut du dos pendant 20 minutes, sur nos vêtements. Il étire nos bras, détend efficacement les muscles.

Puis, c'est le massage du pied gauche. «On commence par le côté du coeur», explique en chinois le jeune homme.

Originaire du Henan, il raconte avoir fait 16 heures de train pour venir travailler à Shanghai. «La prochaine génération ne voudra plus faire ce genre de carrière», avance-t-il.

Sûrement pas pour un petit salaire. La vie est chère dans la capitale économique chinoise.

Le massage des pieds est vigoureux, mais agréable, sauf quand le massothérapeute s'attaque à nos mollets à coups de poing, puis de marteau en caoutchouc!

Il est plus de 23h quand le traitement prend fin. Wei Kong-Fan nous sèche les pieds avec une serviette chaude.

On s'est rendus chez Tang Massage en fin de soirée, comme bien des Shanghaïens qui s'y détendent entre amis, après le travail et un repas au restaurant.