Circuits «Santé et bien-être» ponctués de rencontres avec des guérisseurs traditionnels à Bali, centres de détox en Thaïlande ou ashrams indiens pour méditer: la soif d'une harmonie entre corps et esprit fait affluer les Occidentaux en Asie.

«De plus en plus de gens souffrent d'une perte de repères parce que le monde ne va pas bien. Aujourd'hui, on ne veut plus nourrir son appareil photo, mais nourrir son âme», résume Éric Grange, fondateur d'Oasis Voyages, qui se présente comme la seule agence française spécialisée dans le voyage spirituel. «Or l'Asie est le continent spirituel par excellence», souligne-t-il. L'agence, qui propose dans la région des circuits à Bali, au Tibet et en Inde, est née en 2007.

Victime de son succès, elle doit aujourd'hui refuser «90% des demandes de groupes». L'Inde, le pays aux milliers de divinités où même les vaches sont sacrées, véhicule en Europe et aux États unis l'image d'un pays à forte valeur spirituelle et c'est aujourd'hui vers «Mother India» que se tournent notamment les étrangers en quête d'un supplément d'âme.

La petite ville de Rishikesh, lovée sur les bords du Gange dans le nord de l'Inde, a su capitaliser sur son surnom de capitale mondiale du yoga, qu'elle s'est attribuée grâce à la présence jadis de yogis vivant dans les grottes de l'Himalaya surplombant cette bourgade.

Alors que son premier festival international de yoga n'avait accueilli en 1999 qu'une cinquantaine d'amateurs, sa 12e édition, au début du mois, a reçu plus de 400 étrangers venus suivre une semaine de cours de l'aube au coucher du soleil. «Je suis venue ici pour être à la source de la spiritualité. Tant de grands yogis sont venus méditer que ça crée un fluide d'énergie et si l'on y est réceptif, la méditation est instantanée», assure à l'AFP Christel Pierron, une Française expatriée à Cape Cod, aux États-Unis.

«Avec les vies stressées qu'on a en occident, on a besoin de s'occuper de son corps et de son âme», estime cette jeune femme qui s'apprête ensuite à se rendre à Dharamsala (nord) pour assister aux conférences du dalaï-lama, devenu une icône en Occident pour ses leçons de sagesse bouddhique.

Le gourou Swami Chidanand Saraswatiji, qui dirige l'un des plus grands centres de méditation de l'Inde, l'ashram Parmath Niketan à Rishikesh, pense avoir compris pourquoi tant d'Occidentaux prennent un billet pour l'Inde. «L'Inde apporte un équilibre à l'esprit. Les Occidentaux viennent chercher la paix et quelque chose qui leur manque pour être heureux», philosophe-t-il, assis en tailleur dans son jardin peuplé de singes.

Ailleurs en Asie, certains étrangers tentent de trouver le chemin du bonheur en se faisant dorloter dans de luxueux établissements qui proposent une vaste gamme de soins inspirés de la médecine ayurvédique, avec massages thérapeutiques et régimes alimentaires spécifiques pour éliminer les toxines. Ce système de santé holistique figure au menu de nombreux spas de la région.

En Thaïlande, la dernière tendance pour se ressourcer consiste à séjourner dans des centres de détox, comme celui de l'île de Koh Phangan, où l'on paie des centaines de dollars pour se priver de nourriture, de café et d'alcool. «Pour moi, c'est un endroit où les gens vont quand ils sont à un carrefour de leur vie et qu'ils ne savent pas vraiment quelle direction prendre. En jeûnant, on se rapproche de soi-même», estime Ann, l'une des participantes.

D'autres se lancent de véritables défis, comme celui de «faire vipassana» qui consiste à méditer dans un ashram pendant dix jours d'affilée, sans parler ni lire ni écrire dans des conditions de confort sommaire. À Bali, «l'île des dieux», plusieurs organismes proposent des rencontres avec des guérisseurs, masseurs-magnétiseurs ou maîtres de méditation. Ces expériences font aller les gens «vers une certaine profondeur et c'est la différence avec les voyages industriels», estime Oasis Voyages.