Votre mariage bat de l'aile? Vous envisagez de divorcer? Un tour opérateur indien propose aux couples en crise de renoncer aux consultations d'avocats pour partir en vacances ensemble, mais flanqués d'un conseiller en relations conjugales.

Le voyagiste KV Tours and Travels, basé à Bombay, vient de lancer des offres «divorce et tourisme» pour réconcilier les couples sur le point d'éclater. «Nous voulons remettre sur les rails les conjoints qui ont pris le chemin du divorce», résume le directeur, Vijesh Thakker.Depuis le lancement de ce «package» insolite voici un mois, une douzaine de couples sont déjà venus se renseigner. Le voyagiste propose différentes formules, du séjour d'une semaine dans une station de montagne à 35.000 roupies (720 dollars) au voyage à l'étranger, plus cher.

«Nous essayons de les envoyer dans des endroits où ils ne sont jamais allés, où il n'y a pas trop de monde et où ils n'ont pas de famille», précise M. Thakker.

Le conseiller conjugal qui accompagne les couples, rétribué directement par le voyagiste qui a passé un accord avec les hôteliers, a pour mission de les encourager à surmonter leurs différences et à recommencer un nouveau départ.

L'Inde, où le mariage est toujours considéré comme l'un des fondements de la société, connaît l'un des plus faibles taux de divorce au monde. Seul un mariage sur 100 est voué à l'échec, contre un sur deux aux Etats-Unis.

Mais le taux de divorce augmente, notamment dans les grands métropoles. «Dans des villes comme New Delhi, Bombay ou Bangalore, où le niveau de vie des habitants s'améliore, le divorce devient de plus en plus banal», témoigne Hasan Anzar, responsable d'un cabinet juridique qui s'est spécialisé dans le divorce, ANZ Lawz, basé à New Delhi.

En ville, les femmes ont accès à une meilleure éducation et occupent souvent un emploi, ce qui a changé leurs aspirations et leur a donné une indépendance financière, souligne Hasan Anzar. Les envies de «mariages d'amour» par opposition à la tradition des mariages arrangés grandissent aussi.

Selon M. Anzar, ce nouveau concept de voyage devrait connaître le succès en raison d'une stigmatisation persistante du divorce dans certains milieux sociaux indiens.

Pour le voyagiste Vijesh Thakker, lui-même père de famille de 40 ans «heureux en mariage depuis 18 ans», un séjour d'une semaine est suffisant pour déterminer l'avenir du couple en difficulté.

«Nous ne changeons pas la destinée des gens, nous voulons juste qu'ils vivent ce voyage comme une seconde lune de miel», dit ce professionnel, qui a eu l'idée du concept après avoir vu un proche traverser un divorce il y a 18 mois.

Cette formule inédite survient au moment où le secteur touristique en Inde souffre de la récession économique mondiale. Les attaques terroristes de Bombay en novembre 2008 ont aussi entraîné une baisse du nombre de visiteurs étrangers.