Jelena Ostapenko est une jeune femme pressée. À l'aide de puissants et audacieux coups droits et du revers dans le but de mettre fin aux échanges à la vitesse de l'éclair, Ostapenko est devenue la première joueuse non classée depuis 1983 à atteindre la finale des Internationaux de France en battant la Suissesse Timea Bacsinszky, 30e tête de série, 7-6 (4), 3-6, 6-3.

La dernière à avoir réussi pareil tour de force à Roland-Garros a été Mima Jausovec, qui s'est inclinée contre la septuple championne de la compétition, l'Américaine Chris Evert.

La 47e raquette mondiale est aussi devenue la première Lettone à atteindre la finale d'un tournoi du Grand Chelem, et ce le jour de son 20e anniversaire de naissance.

«Sa vie est comme suit: tout, très rapidement, a résumé l'entraîneure d'Ostapenko, l'ancienne professionnelle Anabel Medina Garrigues.

«Frappe vite. Marche vite. Parle vite.»

«Quand je suis arrivée ici, a déclaré Ostapenko, dans une réponse où les mots s'enchaînaient presque sans pause entre eux, je ne m'attendais évidemment pas à atteindre la finale.»

Ostapenko a confirmé sa victoire sur sa deuxième balle de match à l'aide d'un coup droit gagnant qui lui a permis d'inscrire un quatrième bris de service dans la troisième manche seulement. Il s'agissait de son 50e coup gagnant, elle qui a tout de même commis 45 fautes directes.

La Lettone n'a toujours pas gagné un titre sur le circuit, et n'avait jamais dépassé le troisième tour à un tournoi du Grand Chelem. Le dernier joueur à avoir remporté son premier tournoi en carrière à Roland-Garros est Gustavo Kuerten, qui a soulevé le trophée le jour de la naissance d'Ostapenko.

Pour Bacsinszky, qui célébrait également son anniversaire, son 28e, il s'agit d'une deuxième défaite en trois ans en demi-finales du tournoi.

En finale samedi, Ostapenko fera face à la Roumaine Simona Halep. La troisième tête de série a signé une victoire de 6-4, 3-6, 6-3 aux dépens de la Tchèque Karolina Pliskova, classée deuxième.

Halep a inscrit un bris hâtif dans le set ultime et menaçait d'en obtenir un autre au cinquième jeu, mais Pliskova a finalement sauvé cette occasion avec un as avant de remporter son service.

Pliskova a ensuite réussi le bris pour niveler la marque, mais l'éventuelle gagnante a repris l'avantage d'un bris sur le service suivant. Halep a ensuite servi pour le match, l'emportant dès sa première occasion.

Pour Halep, il s'agit d'une deuxième participation à la finale d'un tournoi du Grand Chelem. En 2014, elle s'était inclinée sur la terre battue de Paris contre la Russe Maria Sharapova.

«J'espère, cette fois, que je serai capable de mieux jouer, et gagner», a déclaré la Roumaine.

Pour les deux adversaires, l'enjeu sera grandement différent. Alors qu'Ostapenko est assurée de se hisser dans le top-20 du classement de la WTA pour la première fois de sa jeune carrière, la semaine prochaine, Halep pourrait s'emparer du premier rang de ce même classement si elle devait l'emporter.

Et la finale offrira un spectacle mettant aux prises deux styles de jeu contrastants.

Alors que Halep, à 1 m 68, est une dynamo défensive qui ne craint pas les longs échanges, qui rejoint à peu près toutes les balles qui lui sont envoyées et qui opte pour la prudence, Ostapenko, à 1 m 77, est aussi combative à l'extrême, vise constamment les lignes et cherche à mettre fin aux points dès que possible.

Et elle est capable de frapper comme une déchaînée. Jeudi, les puissants coups droits d'Ostapenko ont été mesurés à 122 km/h, plus rapides que la moyenne du favori du tableau masculin, Andy Murray.

Photo Michel Euler, AP

Jelena Ostapenko