L'Allemand Sebastian Vettel (Red Bull-Renault), 26 ans, est devenu champion du monde de Formule 1 pour la 4e année consécutive, dimanche à New Delhi, en remportant le Grand Prix d'Inde.

«Tu l'as fait avec style», lui a dit son directeur Christian Horner, sur la radio de bord, pendant qu'il bouclait son tour d'honneur avant de se livrer à un «donut» mémorable (des tours sur lui-même en faisant fumer ses pneus), car interdit par la FIA, devant la tribune d'honneur du circuit de Buddh.

«Je suis tellement fier, vous me donnez tellement de force. Je vous aime, les gars», a d'abord répondu Vettel, sur la radio. Puis il est sorti de sa RB9 violette, s'est prosterné devant elle et l'a embrassée sur le museau. «C'était une marque d'appréciation pour tout le travail des gars, toute l'année. Vous seriez surpris par leur bulletin de paie, par rapport à toutes les heures qu'ils font».

«Je suis bouleversé, je ne sais pas quoi dire, c'est l'une des plus belles journées de ma vie car quand j'étais petit, pour moi, courir en F1 c'était un objectif très lointain. J'ai beaucoup de gens à remercier, parce qu'ils m'ont beaucoup appris, depuis le karting, et je les ai écoutés», a-t-il dit sur le podium, interrogé par David Coulthard, l'ex-pilote McLaren et Red Bull.

Alonso à 115 points de Vettel

«Réussir ce qu'on a fait depuis quatre ans (avec l'équipe Red Bull Racing, ndlr), c'est incroyable. Je ne me sens pas vieux, et je ne réalise pas du tout, peut-être que dans dix ans je comprendrai mieux», a poursuivi Vettel, figure emblématique d'une écurie anglo-autrichienne qui a raflé elle aussi, dimanche à Buddh, un 4e titre mondial consécutif.

À trois courses de la fin de saison (Abou Dhabi, États-Unis, Brésil), Vettel compte désormais 115 points d'avance sur Alonso, un gouffre, et ne peut plus être rejoint par le double champion du monde espagnol qui n'a pu faire mieux qu'une 11e place.

Parti en pole position, Vettel a dominé la course de bout en bout et remporté sans le moindre soupçon de suspense son 36e Grand Prix de F1, dont dix cette saison et six d'affilée depuis le GP de Belgique, fin août à Spa. Il avait conquis samedi, sans coup férir, sa 43e pole position, et devient à 26 ans le plus jeune quadruple champion du monde de l'histoire de la F1.

Grosjean encore sur le podium

Vettel rejoint au palmarès mondial le Français Alain Prost, quatre fois champion du monde entre 1986 et 1993, soit il y a 20 ans exactement, mais titré pour la 4e fois à 38 ans. Quand Prost remportait son premier GP de F1, il avait déjà 26 ans, l'âge de Vettel aujourd'hui. Et le jeune Allemand n'a plus devant lui que son compatriote Michael Schumacher, sept fois champion du monde, et l'Argentin Juan Manuel Fangio, 5 titres dans les années 50.

«Rejoindre Michael, Fangio, Prost... C'est difficile pour moi de réaliser quelque chose que personne ne peut m'enlever, de comprendre tout ça, de le mettre en mots. Peut-être que je comprendrai quand j'aurai 60 ans», a encore dit Vettel lors d'une conférence de presse fleuve, longue de 22 minutes, suivie religieusement par des dizaines de journalistes attentifs.

Pour l'anecdote, le podium de cette 16e manche de la saison 2013 a été complété par un autre Allemand, Nico Rosberg (Mercedes), et le Français Romain Grosjean (Lotus), parti 17e sur la grille, mais quand même sur le podium, pour la troisième course consécutive. «Maintenant que +Seb+ est champion, peut-être qu'il va nous laisser quelques victoires...», a plaisanté Grosjean.

Réprimande pour Vettel et amende de 25 000 euros pour Red Bull

L'Allemand Sebastian Vettel a été «réprimandé» par la direction de course du Grand Prix d'Inde de Formule 1, dimanche soir, pour avoir réalisé quelques «donuts» (des tours sur lui-même en faisant fumer les pneus) après son arrivée victorieuse.

«En raison des circonstances spéciales, les commissaires ont accepté les explications du pilote», précise la Fédération internationale de l'automobile (FIA) dans un communiqué.

L'écurie du pilote allemand, Red Bull Racing, qui a aussi conquis dimanche un 4e titre mondial d'affilée, a pour sa part été condamnée à payer une amende de 25 000 euros.

Les commissaires ont jugé qu'elle n'avait pas «suffisamment informé le pilote pour qu'il rentre directement au parc fermé» après sa victoire, et donc sans s'arrêter devant la tribune d'honneur pour pratiquer des «donuts» interdits par la FIA.

Résumé de la conférence de presse de Sebastian Vettel

Pour quoi vous êtes-vous agenouillé devant votre voiture, après l'arrivée?

«C'était une marque d'appréciation pour toute l'équipe, car on travaille très dur toute l'année pour que cette voiture marche bien. On peut encore avoir des problèmes, comme on l'a vu sur la voiture de Mark (Webber), parce qu'elle est construite à la limite. Je ne suis pas égoïste et je pense aux mécaniciens, vous seriez surpris par leur bulletin de salaire, vu le nombre d'heures qu'ils font. (...) Les gars sont des fans de course automobile, et je voulais leur dire merci à ma façon. Ils fabriquent des fusées même si on ne se rend plus compte de la vitesse de ces voitures sur les nouveaux circuits, pour des raisons de sécurité. Quand je regarde une F1, je trouve que c'est plutôt petit, et quand on pense à la vitesse à laquelle on peut rouler avec, c'est vraiment unique. J'aime ça et j'espère que ce sentiment ne changera jamais».

Est-ce que ce sacre est aussi émouvant que celui de l'an dernier au Brésil?

«On a eu le temps de le voir venir, celui-là. L'an dernier au Brésil, c'était vraiment spécial, personne n'aurait été assez créatif pour écrire le scénario. Je me sentais heureux en passant la ligne d'arrivée, alors que j'étais très nerveux avant le départ. Je dors très mal en fin de nuit, avant une course, j'ai plein de scénarios dans ma tête. Cette année, ce qui est important, c'est que ça arrive ici. C'est un endroit spécial pour gagner. J'aimerais prendre le temps, quand je serai à la retraite, de me balader dans ce pays immense, où les gens ont des choses à nous apprendre».

Est-ce que vous réalisez un rêve d'enfant en étant sacré pour la 4e fois?

«Je rêvais de courir en F1, mais ce n'était pas un objectif, pas avant l'âge de 15 ou 16 ans. Quand j'étais petit, je faisais du karting, mais je jouais aussi à cache-cache ou avec des petites voitures dans le sable. Plus tard, je n'étais pas très bon au football et le karting était encore un loisir. Mes parents ne m'ont jamais mis la pression, je savais que c'était sérieux, qu'ils faisaient beaucoup de sacrifices, mais on passait surtout du bon temps ensemble».

Est-ce que vous en voulez aux gens qui vous ont sifflé sur le podium cette saison (ndlr: à Monza et Singapour)?

«Je ne jette pas la pierre aux fans de Ferrari qui m'ont sifflé. Quand je vais au stade pour un match de football, ça peut m'arriver de siffler, surtout si l'équipe adverse marque un but. J'ai reçu une lettre d'excuse après Singapour, de la part d'un type qui m'avait sifflé. Si des gens ont une passion pour Ferrari et qu'ils n'aiment pas que quelqu'un d'autre gagne, je suis assez mûr pour comprendre et je ne juge pas les gens. Ce n'est pas évident pour eux de comprendre ce qui se passe en coulisses. Et il y aura toujours des pro et des anti (-Vettel)».

Qu'est-ce que ça vous fait de rejoindre Schumacher, Fangio et Prost?

«Rejoindre Michael, Fangio, Prost... C'est difficile pour moi de réaliser quelque chose que personne ne peut m'enlever, de comprendre tout ça, de le mettre en mots. Peut-être que je comprendrai quand j'aurai 60 ans. Le plus important pour moi, c'est d'avoir le respect des pilotes contre lesquels je me bagarre. Je regardais la télé quand Fernando (Alonso) commençait à courir, et maintenant je me bats contre lui. Il a beaucoup de talent, il est espagnol, passionné, c'est mon plus grand rival depuis deux ans. Je cours aussi contre Lewis (Hamilton), qui a beaucoup de talent, Mark (Webber) qui pour moi est au même niveau que Lewis, et Nico (Rosberg), qui est sous-estimé. C'est différent d'autres époques. Michael (Schumacher) avait la voiture pour gagner, mais il a créé cette situation, face à des rivaux très forts. Stirling Moss (ndlr: quatre fois deuxième du championnat du monde, dans les années 50) aurait lui aussi mérité d'être champion du monde».

Comment envisagez-vous 2014?

«Il y a un gros projet qui nous attend (ndlr: à cause du changement de règlement technique et de l'arrivée des nouveaux moteurs V6 turbo hybrides). Je sais que Mercedes et Ferrari passent beaucoup de temps à trouver de nouvelles idées, alors cet hiver sera encore plus court que les précédents. Je n'aurai sûrement pas le temps de prendre deux ou trois semaines de vacances».

Le classement final officiel du Grand Prix d'Inde

1. Sebastian Vettel (GER/Red Bull-Renault), les 60 tours (307,249 km) en 1 h 31:12.187 (moyenne: 202,131 km/h)

2. Nico Rosberg (GER/Mercedes) à 29.823

3. Romain Grosjean (FRA/Lotus-Renault) à 39.892

4. Felipe Massa (BRA/Ferrari) à 41.692

5. Sergio Pérez (MEX/McLaren-Mercedes) à 43.829

6. Lewis Hamilton (GBR/Mercedes) à 52.475

7. Kimi Räikkönen (FIN/Lotus-Renault) à 1:07.988

8. Paul di Resta (GBR/Force India-Mercedes) à 1:12.868

9. Adrian Sutil (GER/Force India-Mercedes) à 1:14.734

10. Daniel Ricciardo (AUS/Toro Rosso-Ferrari) à 1:16.237

11. Fernando Alonso (ESP/Ferrari) à 1:18.297

12. Pastor Maldonado (VEN/Williams-Renault) à 1:18.951

13. Jean-Eric Vergne (FRA/Toro Rosso-Ferrari) à 1 tour

14. Jenson Button (GBR/McLaren-Mercedes) à 1 tour

15. Esteban Gutiérrez (MEX/Sauber-Ferrari) à 1 tour

16. Valtteri Bottas (FIN/Williams-Renault) à 1 tour

17. Max Chilton (GBR/Marussia-Cosworth) à 2 tours

18. Jules Bianchi (FRA/Marussia-Cosworth) à 2 tours

19. Nico Hülkenberg (GER/Sauber-Ferrari) à 6 tours

Abandons

Giedo van der Garde (NED/Caterham-Renault): accrochage avec Chilton, 2e tour

Charles Pic (FRA/Caterham-Renault): problème hydraulique, 36e tour

Mark Webber (AUS/Red Bull-Renault): alternateur et boîte de vitesses, 40e tour

Nico Hülkenberg (GER/Sauber-Ferrari): freins, 55e tour (classé)

Meilleur tour en course

Kimi Räikkönen (FIN/Lotus-Renault) 1:27.679 au 60e tour (moyenne: 210,426 km/h)

Classement des pilotes à l'issue du Grand Prix d'Inde

1. Sebastian Vettel (GER) 322 pts CHAMPION

2. Fernando Alonso (ESP) 207

3. Kimi Räikkönen (FIN) 183

4. Lewis Hamilton (GBR) 169

5. Mark Webber (AUS) 148

6. Nico Rosberg (GER) 144

7. Romain Grosjean (FRA) 102

8. Felipe Massa (BRA) 102

9. Jenson Button (GBR) 60

10. Paul di Resta (GBR) 40

11. Nico Hülkenberg (GER) 39

12. Sergio Perez (MEX) 33

13. Adrian Sutil (GER) 28

14. Daniel Ricciardo (AUS) 19

15. Jean-Eric Vergne (FRA) 13

16. Esteban Gutierrez (MEX) 6

17. Pastor Maldonado (VEN) 1

Classement des constructeurs à l'issue du Grand Prix d'Inde

1. Red Bull Racing 470 pts

2. Mercedes-AMG 313

3. Scuderia Ferrari 309

4. Lotus 285

5. McLaren Mercedes 93

6. Force India 68

7. Sauber 45

8. Scuderia Toro Rosso 32

9. Williams 1