Le constructeur japonais Honda a annoncé jeudi son retour en Formule 1 à partir de 2015, comme motoriste de l'écurie britannique McLaren, 50 ans cette année, avec un contrat de «plusieurs années» fondé sur l'arrivée en 2014 de nouveaux moteurs V6 turbo, plus proches de la série.

Ce changement de réglementation technique, voulu et encouragé par la Fédération internationale de l'automobile (FIA), a été déterminant dans le retour du constructeur japonais dans la catégorie reine du sport automobile. À partir de l'an prochain, les moteurs de F1 ne feront que 1,6 litre de cylindrée et seront associés à des systèmes de récupération d'énergie totalement intégrés.

Les trois principaux motoristes actuels de la F1, Renault, Mercedes et Ferrari, s'inquiétaient de la disparition prochaine de Cosworth, faute de moyens. Avec le retour de Honda, dans une écurie de pointe comme McLaren, la répartition des forces sera meilleure et la compétition entre motoristes, figée depuis quelques années, va pouvoir reprendre de plus belle.

Pour le Team Principal de McLaren, Martin Whitmarsh, les deux firmes vont relancer «un partenariat légendaire dans la Formule 1», marqué par quatre saisons de domination totale, entre 1988 et 1991: tous les titres pilotes et constructeurs, 44 victoires en 80 Grands Prix, grâce au tandem exceptionnel constitué par un Français, Alain Prost, et un Brésilien, Ayrton Senna.

Le PDG de Honda, Takanobu Ito, a affiché clairement l'objectif du duo reconstitué: «redevenir numéro un», alors que McLaren pointe actuellement à la 6e place du championnat 2013 et que Honda est parti fin 2008, en pleine crise financière, avec un bilan catastrophique au vu des moyens engagés: une seule victoire en neuf saisons (2000-2008), grâce à Jenson Button en Hongrie.

Button se réjouit

L'année suivante, Button est devenu champion du monde dans cette même écurie Honda rachetée par son directeur, Ross Brawn, rebaptisée Brawn GP et équipée d'un moteur Mercedes. Ironie de l'histoire, début 2015, Button, ex-pilote Honda, sera peut-être encore chez McLaren pour faire amorcer la nouvelle ère McLaren-Honda.

«Ma première F1, en 2003, était équipée d'un moteur Honda», a rappelé Button dans un communiqué, «et j'ai remporté mon premier GP dans une Honda (Hongrie 2006), donc je sais parfaitement à quel point Honda est passionné par le sport automobile, la F1 en particulier. Le défi représenté par la nouvelle réglementation technique est une opportunité idéale pour Honda et le savoir-faire de ses ingénieurs».

Cinq ans après le retrait de Honda d'une F1 en crise, la conjoncture est nettement meilleure pour le troisième constructeur automobile japonais en volume (après Toyota et Nissan). Les profits ont fortement augmenté lors de l'exercice comptable écoulé et des résultats encore meilleurs sont espérés cette année, qui aideront à justifier l'investissement représenté par un retour en F1.

Comme Honda n'a pas l'habitude de faire les choses à la légère, des jeunes ingénieurs de la marque sont déjà de retour, cette saison, sur les circuits du Championnat du monde des voitures de tourisme (WTCC), pour faire leurs gammes sur la piste pendant que le département moteur, au Japon, planche sur le futur moteur F1 de 2015, un V6 turbo hybride léger et économe en carburant. Renault, Mercedes et Ferrari ont une longueur d'avance, mais Honda a relevé le défi.