En 2023, Lance Stroll a bien mal paru au jeu des comparaisons avec son nouveau coéquipier Fernando Alonso chez Aston Martin. La frustration s’est fait sentir à quelques reprises.

Souhaitant faire mieux à l’occasion de sa huitième saison en Formule 1, le Québécois a pris le temps de faire le vide pendant la trêve hivernale. Il en a aussi profité pour se questionner à savoir comment il pouvait s’améliorer, que ce soit mentalement ou physiquement.

« La saison de F1 est longue et intense maintenant. Les vacances d’hiver sont l’occasion de repartir à zéro. L’hiver est toujours un bon moment pour réfléchir à la façon dont vous pouvez devenir un meilleur pilote, mieux aborder les week-ends de course et améliorer vos forces et vos faiblesses », a expliqué Stroll dans des propos partagés par le site internet d’Aston Martin.

« Je suis resté en très bonne forme pendant l’hiver – j’essaie toujours d’améliorer mon entraînement – et j’ai passé du temps à travailler sur moi-même. C’est excitant d’être de retour », a évoqué le pilote de Mont-Tremblant.

Une question d’attitude

PHOTO ANDREJ ISAKOVIC, AGENCE FRANCE-PRESSE

Lance Stroll au volant de sa Aston Martin

Toute la préparation du monde pourrait toutefois être insuffisante face à Alonso, le double champion du monde qui n’a toujours laissé que des miettes pour ses coéquipiers.

Au volant d’une Aston Martin fringante, Alonso, 42 ans, est monté sur le podium six fois lors des huit premières courses la saison dernière. Au total, il a réussi huit top 3 et totalisé 206 points, terminant au quatrième rang du classement des pilotes.

Pendant ce temps, le meilleur résultat de Stroll a été une quatrième position. Il a amassé 74 points, au 10e échelon. C’est à ce jour son meilleur classement en carrière.

Au cœur d’une séquence difficile, le Québécois a d’ailleurs été surpris par les caméras en train de pousser son entraîneur Henry Howe en sortant de sa voiture, au Qatar. Ce geste a soulevé plusieurs questions quant à son état d’esprit.

« Ce qui est ressorti beaucoup, c’est le niveau de motivation de Lance Stroll, a soulevé le pilote et analyste de course automobile Bertrand Godin. On a senti énormément de frustration durant toute l’année. La comparaison avec Alonso le faisait très mal paraître. Il faut absolument qu’on puisse regarder en avant et trouver le moyen de se motiver. C’est très psychologique.

« Moi, ce que je voudrais voir, c’est un Lance Stroll plus hargneux. […] Il y a un changement d’attitude à avoir », a ajouté Godin.

« La question qu’il faut se poser, c’est si lui, il veut être en F1, s’est quant à lui demandé Alex Tagliani. Est-ce qu’il a assez de désir et d’intérêt pour faire les sacrifices nécessaires ? »

Les difficultés de Stroll en 2023 semblent directement liées aux performances de sa voiture.

Après un début de saison fulgurant d’Aston Martin, qui s’est établie comme deuxième force du plateau au terme du premier tiers de la saison, l’équipe a connu un long passage à vide.

Pendant qu’Alonso parvenait tant bien que mal à sauver les meubles en grappillant des points à chaque course, Stroll a connu une véritable traversée du désert. Puis, en fin de saison, lorsque l’écurie établie à Silverstone a repris du poil de la bête, il est revenu aux avant-gardes, avec deux cinquièmes positions, au Brésil et à Las Vegas.

« On voit un bon pilote non pas quand ça va bien, mais quand ça va mal, a fait valoir Godin. C’est là qu’on voit comment il est capable de se sortir du pétrin et le travail qu’il doit accomplir. Certains pilotes vont extraire jusqu’à la dernière goutte du citron, et d’autres vont baisser les bras et être marabouts.

« Mais ce n’est pas le temps d’être marabout, c’est le temps de se retrousser les manches et de trouver des solutions », a-t-il résumé.

Une histoire de famille

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Lawrence Stroll et sa fille Chloe Stroll en 2019

Puisque Lance est le fils du milliardaire Lawrence Stroll, propriétaire de l’écurie qui lui a donné un volant, nombreux sont ceux qui affirment qu’il doit uniquement sa place en F1 à sa famille.

Pourtant, Stroll a réussi quelques coups d’éclat au cours de sa carrière, comme sa position de tête en Turquie en 2020 sur une piste qui s’asséchait et ses trois podiums, dont le dernier remonte au Grand Prix de Sakhir en 2020.

« Déjà, la plupart des gens sont pas mal unanimes pour dire que Lance devrait changer de sport. Moi, je ne serais pas prêt à dire ça, parce qu’il est capable de bonnes choses », a affirmé Godin.

« Il a sa place en F1, et il a quelques résultats à son actif qui le prouvent », a ajouté Tagliani.

Le principal intéressé a quant à lui fait la paix avec les opinions des gens. Il voit plutôt l’apport de son père, à sa carrière en F1 comme à sa vie en général, d’une façon très positive.

« Tout le monde a son opinion, mais je réponds sur la piste », a-t-il commencé par dire.

« J’ai vécu un parcours incroyable avec mon père dans le sport automobile. Depuis l’époque du karting, en passant par les catégories de développement et aujourd’hui en F1, ce que nous avons accompli ensemble a été incroyable. Sa vision et sa passion pour le sport, pour Aston Martin, sont vraiment incroyables. C’est super excitant d’en faire partie et de voir à quel point nous avons déjà grandi en tant qu’équipe au cours des quatre dernières années. Et l’avenir est encore plus excitant. »

L’avenir commence dès cette fin de semaine avec le Grand Prix de Bahreïn, tenu exceptionnellement samedi.

Stroll est déjà en meilleure posture que l’année dernière puisqu’il avait amorcé la première course de la saison avec des fractures aux poignets et à un orteil après un accident de vélo survenu en Espagne.

« Je crois que simplement en commençant la saison sans blessure et en évitant quelques problèmes mécaniques (dont il a été victime en 2023), ça devrait être une meilleure saison pour lui », a prédit Tagliani.