Environ 2000 personnes ont été libérées des prisons cubaines depuis l'annonce vendredi par le président Raul Castro de l'amnistie pour raisons humanitaires de 3000 détenus, alors que certains prisonniers exclus du processus ont manifesté, selon un membre de l'opposition.

«Environ 2.000 prisonniers sont déjà sortis de prison dans les 15 provinces (du pays), la majorité d'entre eux (condamnés) pour des délits mineurs», a affirmé à l'AFP Elizardo Sanchez, dirigeant de la Commission cubaine des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (illégale).

«La portée si limitée de l'amnistie» a provoqué des «protestations» dans certaines prisons, «la plus intense» d'entre elles à la Prison nationale de Boniato, dans la province de Santiago de Cuba, à 900 km à l'est de La Havane, où «une dizaine de détenus se sont cousu la bouche et se sont déclarés en grève de la faim», selon lui.

«D'autres protestations ont été rapportées, mais de moindre importance, dans d'autres prisons», y compris dans le plus gros centre de détention du pays, à La Havane, d'après cet opposant.

La Commission, tolérée par le gouvernement, a estimé la population cubaine à environ 70.000 à 80.000 détenus (pour 11,5 millions d'habitants), l'amnistie bénéficiant à 4% d'entre eux.

Raul Castro a annoncé vendredi une amnistie sans précédent de près de 3.000 prisonniers, dont 86 étrangers, et réaffirmé sa volonté de promouvoir «lentement» une réforme de la loi migratoire allégeant les restrictions de voyage imposées aux Cubains depuis un demi-siècle.

L'amnistie, effective «dans les prochains jours», concerne «plus de 2.900 condamnés» et «86 étrangers de 25 pays, dont 13 femmes, condamnés pour des délits commis à Cuba», avait affirmé alors le chef de l'État.

La mesure ne concernera toutefois pas l'Américain Alan Gross, dont la condamnation en mars à 15 ans de prison constitue un obstacle majeur à l'amélioration des relations entre les États-Unis et Cuba.

M. Sanchez a révélé que parmi les personnes élargies en ce week-end de Noël figurait le médecin Carlos Martinez, condamné à 20 ans de prison pour «révélation de secrets» d'État, après quatre ans d'emprisonnement.

Selon M. Sanchez, ce médecin est l'unique amnistié qualifié de prisonnier politique.

Les autorités cubaines, qui ont démenti le décompte effectué par la Commission, n'ont pas communiqué sur le processus de libération ni sur d'éventuels troubles en prison.