Au moins 37 jeunes hommes rassemblés devant l'académie de police à Sanaa ont été tués dans l'explosion d'une voiture piégée, un attentat qui illustre l'insécurité grandissante au Yémen.

Soixante-six personnes ont également été blessées, dont plusieurs grièvement, selon un nouveau bilan de la police cité par l'agence officielle Saba.

«C'est un massacre», a déclaré un témoin, horrifié. Des morceaux de chair humaine jonchaient le trottoir mêlés à des débris de véhicules soufflés par la force de l'explosion, a constaté un correspondant de l'AFP sur les lieux.

L'attentat a visé aux premières heures de la matinée des centaines de jeunes hommes qui faisaient la queue devant l'académie de police pour présenter leurs dossiers d'inscription.

Il a été commis à l'aide d'un minibus réduit en un amas de ferraille par l'explosion, qui a été déclenchée à distance, selon un responsable des services de sécurité.

Un appel urgent pour des dons de sang a été lancé par le ministère de la Santé, les hôpitaux étant à court de poches de sang pour secourir des blessés.

Une source de la sécurité a par ailleurs indiqué qu'un Somalien avait été arrêté en possession d'explosifs alors qu'il tentait d'entrer dans l'hôpital Al-Joumhouriya, où ont été admis plusieurs blessés de l'attentat.

Al-Qaïda accusée 

Un membre armé des «Comités populaires», appellation que se sont donnée les miliciens chiites d'Ansaruallah, a accusé Al-Qaïda d'être responsable de l'attentat. «C'est l'oeuvre d'éléments d'Al-Qaïda», a-t-il déclaré à l'AFP, alors que l'acte n'a pas encore été revendiqué. Dans un communiqué, le bureau politique d'Ansaruallah a dénoncé un «crime ignoble» et promis que ses auteurs «ne resteront pas impunis».

Les États-Unis, alliés du Yémen dans la lutte «antiterroriste», ont condamné «le meurtre insensé et les blessures infligées à des civils yéménites», selon un communiqué du département d'État.

L'Union européenne, un important partenaire de ce pays pauvre de la péninsule arabique, a déploré «une attaque terroriste visant à déstabiliser le processus de transition au Yémen».

«Rétablir la sécurité et parachever la transition sont les objectifs essentiels pour assurer la stabilité et la prospérité» dans ce pays, selon Bruxelles.

Dénonçant un «attentat épouvantable», le Conseil de sécurité a réclamé dans une déclaration unanime que ses auteurs soient traduits en justice.

Ban Ki-moon a appelé «tous les Yéménites à s'unir pour combattre le terrorisme et apporter la sécurité et la stabilité au Yémen».

La violence s'est accrue ces derniers mois au Yémen, instable depuis l'insurrection populaire de 2011, qui a poussé au départ le président Ali Abdallah Saleh, dans le sillage du Printemps arabe.

La milice Ansaruallah, partie de son fief de Saada (nord), a lancé en 2013 une offensive fulgurante qui lui a permis de prendre le contrôle de Sanaa le 21 septembre, puis d'élargir son influence progressivement vers l'ouest et le centre du pays où elle est combattue par Al-Qaïda et des groupes sunnites.

Le dernier attentat a visé dimanche un rassemblement de miliciens chiites à Dhamar, au sud de Sanaa, faisant quatre morts, dont un reporter de télévision.

Un autre attentat anti-chiite avait fait 49 morts le 1er janvier à Ibb, dans la centre du Yémen, où étaient rassemblés des partisans d'Ansaruallah participant à une cérémonie religieuse.

Par ailleurs, deux chefs tribaux et quatre membres de leur escorte ont été tués mardi dans une embuscade tendue par des hommes armés non identifiés dans la région de Baïda (centre), selon l'agence Saba.

Dans le même temps, le chef de l'État Abd Rabbo Mansour Hadi a qualifié de «positive» la rencontre qu'une délégation présidentielle avait eue en début de semaine avec le chef d'Ansaruallah, Abdel Malek al-Houthi, selon Saba.

La délégation était chargée de discuter avec M. Houthi d'un projet d'État fédéral comprenant six régions, convenu en janvier 2014 au terme d'une conférence de dialogue national, mais contesté par la milice chiite qui veut un État formé de deux régions.