Mohamed Naweid était tailleur dans le nord de l'Afghanistan il y a encore quelques semaines. Jusqu'à ce qu'il rejoigne la nouvelle académie militaire de Kaboul, destinée à doter d'officiers supérieurs une armée afghane minée par la désorganisation et les désertions.

Supervisée par les forces britanniques, l'«Académie militaire de l'armée afghane» a ouvert la semaine dernière en périphérie de Kaboul, au pied des montagnes qui entourent la capitale afghane.

L'établissement s'inspire de la prestigieuse école militaire britannique de Sandhurst, dont sont diplômés les princes William et Harry.

«J'espère que cette école fournira des officiers capables de faire évoluer l'armée afghane vers une institution militaire professionnelle et compétente», a déclaré le général britannique John Lorimer, lors d'une présentation à la presse.

Pour atteindre cet objectif, les 270 recrues, sélectionnées parmi quelque 10 000 candidats originaires des quatre coins de l'Afghanistan, suivront un cursus de 42 semaines destiné à en faire «d'excellents commandants», capables d'encadrer des soldats, selon le général Lorimer.

«Nous avons organisé des examens à travers le pays, puis nous avons amené les meilleurs candidats à Kaboul et avons choisi quelques-uns d'entre eux seulement», résume le général Sharif Sharifi, chef du recrutement de l'armée afghane.

Mohammed Naweid, un jeune Afghan de 21 ans, a quitté un emploi de tailleur qu'il occupait dans la province de Faryab (nord) pour rejoindre les rangs de l'école.

«Prêts à relever tous les défis»

«Même après avoir passé les tests de sélection, je ne pensais pas que je serais pris. Quand j'ai appris le résultat, j'étais fier. Je vais faire de mon mieux», confie-t-il à l'AFP. «L'entrainement est dur, mais la vie est douce» à l'académie.

Les cadets de l'école rejoindront des forces de sécurité afghanes certes conséquentes (350 000 militaires, policiers et paramilitaires), mais sous-équipées, mal organisées, et qui doivent faire face à un renouvellement permanent en raison des désertions, voire des défections.

Un officier des forces spéciales afghanes formé par les Américains et stationné dans la province de Kunar (est) a récemment fait défection et rejoint les insurgés, en faisant main basse sur un camion bourré d'armes et de munitions.

Près de 400 soldats et policiers afghans sont tués chaque mois dans le conflit, selon le département de la Défense américain, le gouvernement afghan ne publiant pas régulièrement ces chiffres.

Les nouveaux officiers sortiront de l'académie alors que les 87 000 soldats de la Force internationale de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) doivent quitter le pays d'ici à la fin 2014.

Ce retrait fait craindre une flambée de violences dans le pays, en proie à une violente insurrection des talibans, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition militaire internationale menée par les États-Unis.

Conscient de la complexité de la situation, Mohammed Naweid assure qu'il fera de son mieux.

«Nous sommes prêts à relever tous les défis, peu importe les difficultés», dit-il. «Je sais que le conflit fait des victimes, et que nous devons être prêts à sacrifier (nos vies) si nécessaire».