Les forces afghanes et de l'OTAN sont venues à bout mercredi, après 19 heures de siège, d'un groupe de kamikazes qui ont mené une série d'attaques spectaculaires à Kaboul visant particulièrement le QG de l'OTAN et l'ambassade américaine et qui ont fait au moins 15 morts.

S'ils ont déjà mené plusieurs attaques spectaculaires à Kaboul, les talibans ont cette fois réussi à s'en prendre à deux des sites les plus sensibles et protégés d'une capitale sous très haute surveillance.

Après dix ans de conflit, ils infligent un nouveau camouflet au gouvernement afghan et à l'OTAN, qui a commencé à retirer ses troupes de combat d'Afghanistan et à transférer la sécurité du pays aux forces afghanes, un processus «de transition» censé s'achever fin 2014.

Les deux derniers kamikazes retranchés dans un grand immeuble en construction, depuis le début de l'après-midi la veille, ont été tués mercredi matin, a annoncé à l'AFP Siddiq Siddiqi, un porte-parole du ministère de l'Intérieur.

«Les derniers assaillants sont morts et les combats sont terminés. Il y avait six terroristes dans l'immeuble et tous sont morts», a déclaré M. Siddiqi peu après 9h (minuit et demi, heure de Montréal).

Au moins 15 Afghans, civils et policiers, ont été tués dans ces attaques.

Onze civils afghans ont péri, dont trois enfants, et 19 ont été blessés, selon la Force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) qui précise que six de ses militaires ont également été blessés, sans plus de détails.

La police de Kaboul a annoncé mercredi que quatre policiers afghans avaient été tués et onze blessés.

Une fois parvenues à prendre le contrôle de l'immeuble mercredi matin, les forces afghanes de sécurité sont montées sur le toit et ont tiré en l'air en signe de victoire, a constaté un photographe de l'AFP.

Les corps des six kamikazes gisaient à différents étages du bâtiment en construction (où seule la structure de béton est érigée) aux murs criblés de balles. Des policiers frappaient certains des corps à coups de pieds, a constaté ce photographe.

«Deux pièges confectionnés avec des grenades ont été découverts et nos gars sont en train d'essayer de les désamorcer ou de les faire sauter», a déclaré à l'AFP le chef de la police de Kaboul, Mohammad Ayoub Salangi.

Les attaques avaient commencé mardi vers 13h30 (5h, heure de Montréal). Les kamikazes avaient pris position mardi dans l'immeuble en construction d'une dizaine d'étages situé sur le rond-point Abdul Haq, en plein centre de Kaboul, et surplombant à 500 m de là le QG ultraprotégé de l'ISAF.

De là, ils avaient commencé à tirer, notamment au fusil d'assaut et la roquette, visant particulièrement le QG de l'ISAF et l'ambassade américaine voisine, tous deux situés en plein centre de Kaboul, dans un secteur ultra-sécurisé, aux accès très contrôlés et entouré de nombreuses protections.

L'OTAN a admis que l'intérieur de son complexe avait été touché, y causant des «dégâts mineurs».

Un garde afghan de la représentation diplomatique et trois demandeurs de visa avaient été blessés mardi dans l'enceinte de l'ambassade des États-Unis, qui n'a pas donné d'autres détails.

Neuf «kamikazes» au total ont été tués, selon la police: six dans l'immeuble et trois abattus mardi, ailleurs dans la capitale: deux près de deux casernes de police dans l'ouest de Kaboul, à plusieurs kilomètres du centre-ville, et l'un sur la route menant à l'aéroport.

Après une nuit de siège, deux kamikazes étaient encore retranchés peu avant 8h aux «10e et 11e étages et utilisaient des grenades», avait indiqué M. Siddiqi, avant que la police n'en vienne à bout.

«Ils se battent (...) ils ont des armes», avait ajouté M. Siddiqi, précisant que «trois ou quatre» policiers avaient été blessés durant la nuit par des grenades.

Plusieurs explosions et des tirs sporadiques avaient été entendus au cours de la nuit dans le centre de Kaboul.

Les insurgés islamistes, qui combattent depuis dix ans le régime de Kaboul soutenu par quelque 130 000 soldats de l'OTAN, essentiellement américains, ont considérablement intensifié et étendu leur guérilla ces dernières années, multipliant les attaques audacieuses jusqu'au coeur de la capitale.

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