La Jordanie s'apprête à reporter les élections législatives, à amender la loi électorale et prévoit organiser les premières élections régionales dans le pays dans le cadre d'un processus de décentralisation, ont indiqué dimanche à l'AFP des responsables jordaniens.

Le roi Abdallah II de Jordanie a dissous le Parlement le 23 novembre, deux ans avant la fin de la législature et a convoqué des élections législatives anticipées.

La Constitution jordanienne prévoit des élections tous les quatre ans, ou pas plus de quatre mois après la dissolution du parlement mais donne au roi la possibilité de les retarder.

«Le gouvernement demandera au roi d'user de ses prérogatives pour retarder les élections afin de les faire précéder par des élections régionales dans un but de décentralisation du pouvoir», a déclaré à l'AFP un responsable jordanien sous couvert de l'anonymat.

Les conseils régionaux dans les douze gouvernorats du pays étaient jusqu'ici nommés par le gouvernement.

«La Jordanie souhaite que ces conseils soient dorénavant élus. Ces élections donneront également les tendances électorales avant les élections législatives», a relevé un responsable gouvernemental, également sous couvert de l'anonymat.

Par ailleurs ces responsables jordaniens ont affirmé s'attendre à ce que le roi Abdallah II demande la formation d'un nouveau gouvernement pour remplacer celui dirigé par Nader Dahabi depuis novembre 2007.

L'actuel chef du cabinet royal Nasser Lawzi pourrait être désigné pour former ce nouveau gouvernement, estime-t-on dans les milieux politiques jordaniens.

Une commission ministérielle chargée d'amender la loi électorale a été formée cette semaine.

Cet amendement fait l'objet d'un débat dans le pays. Le système uninominal appliqué depuis 1993 est violemment critiqué par l'opposition, notamment islamiste, qui le considère à son désavantage.

«Le système uninominal a été instauré dans le but de limiter notre représentation à la Chambre», a déclaré à l'AFP Azzam Huneidi député sortant du Front de l'Action Islamique (FAI) émanation des Frères musulmans.

Le Parlement jordanien a été dissous alors que les députés sont depuis plusieurs mois la cible de critiques de la presse, qui les accuse d'être passifs face au gouvernement. Certains députés ont en outre été éclaboussés par des affaires de corruption.