(Tirana) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a insisté mercredi sur la livraison d’urgence d’armes et de munitions à son pays face à la Russie qui gagne du terrain sur le front, à l’occasion d’un sommet en Albanie de dirigeants d’États d’Europe du Sud-Est.

« Nous rencontrons des problèmes d’approvisionnement en munitions, ce qui affecte la situation sur le champ de bataille », a dit M. Zelensky, s’adressant à ces responsables, à l’ouverture de la réunion.

Le chef de l’État ukrainien a souligné que son gouvernement souhaitait organiser un « forum ukraino-balkanique sur l’industrie de la défense », certains des États de la région disposant de capacités importantes de fabrication de munitions.

« Nous sommes fiers de compter environ 500 entreprises de défense opérant en Ukraine dans différents domaines. Chacune d’entre elles apporte une force supplémentaire, mais cela ne suffit pas pour vaincre (le président russe Vladimir) Poutine », a-t-il lancé.

En conférence de presse, à l’issue du sommet, M. Zelensky a à nouveau insisté sur l’urgence qu’il y a à approvisionner les troupes ukrainiennes, mettant en garde contre de nouveaux retards.

« Chaque pause dans l’approvisionnement, chaque doute sur le fait que le monde est prêt à se défendre lui-même, tout cela inspire une personne. Tout cela inspire Poutine », a-t-il lâché. « Nous n’avons pas le temps et nous n’avons pas d’autre choix ».

Des dirigeants de plusieurs États d’Europe du Sud-Est, notamment des Balkans occidentaux, ont assisté à cette réunion organisée en Albanie, notamment le premier ministre croate Andrej Plenkovic et le président serbe Aleksandar Vucic, ainsi que la présidente kosovare Vjosa Osmani ou encore la première ministre bosnienne Borjana Kristo.

La Serbie est un des rares États européens qui ne se sont pas alignés sur les sanctions occidentales contre la Russie, mais M. Vucic a rencontré plusieurs fois M. Zelensky en marge de conférences internationales.

La question-clé des munitions

Le président ukrainien est arrivé mardi soir dans la capitale albanaise, Tirana, après avoir effectué une visite en Arabie saoudite.

Il sillonne la planète ces dernières semaines pour rallier des soutiens à l’Ukraine dont les forces armées sont confrontées à un manque de munitions et d’armes, dans leur lutte contre l’avancée des soldats russes.

Après s’être retirée il y a une dizaine de jours de sa ville forteresse d’Avdiïvka (est), l’armée ukrainienne a confirmé lundi et mardi son retrait de trois villages voisins, Lastotchkyné, Sieverné et Stepové, plus à l’ouest.

Avant de participer au sommet, M. Zelenski s’est entretenu avec le premier ministre albanais Edi Rama, « un ami indéfectible de l’Ukraine ». Et il a annoncé à l’issue de cette réunion que les deux parties envisageaient de renforcer leur coopération en matière de défense.

« Depuis les premiers jours de l’invasion massive, l’Albanie a soutenu l’Ukraine dans sa lutte pour la liberté et l’intégrité territoriale », a écrit le chef de l’État ukrainien sur X.

« Nous avons discuté aujourd’hui des besoins de l’Ukraine en matière de défense et de l’éventuelle fabrication en commun d’armes », a-t-il ajouté.

Il s’agit du premier déplacement de Volodymyr Zelensky dans ce pays des Balkans depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022.

Membre de l’OTAN depuis 2009, l’Albanie est un fervent soutien de l’Ukraine, face à l’assaut russe. Pendant son déplacement mi-février en Albanie, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait à cet égard salué l’appui de Tirana à l’Ukraine.

Ce voyage de M. Zelensky dans les Balkans intervient au moment où le président Joe Biden essaye de faire débloquer par le Congrès américain une aide à l’Ukraine de 60 milliards de dollars (55 milliards d’euros).

Sur le continent européen, une partie des pays de l’UE est prête à se rallier à une initiative tchèque en vue d’acheter des munitions produites en dehors de l’Europe et les réexpédier vers Kyiv.

La proposition des autorités tchèques a été détaillée à l’occasion de la récente conférence sur la sécurité à Munich.

Avec d’autres partenaires de l’OTAN, dont le Danemark et le Canada, la République tchèque a identifié « un demi-million de munitions de calibre 155 et 300 000 munitions de calibre 122 » qui pourraient être livrées à l’Ukraine « en quelques semaines » si les financements nécessaires étaient rassemblés, avait alors expliqué le président tchèque Petr Pavel.