(Moscou) Vladimir Poutine a promis lundi de livrer gratuitement des céréales à six pays africains « dans les prochaines semaines », après l’abandon en juillet de l’accord qui permettait à l’Ukraine d’exporter librement et sur lequel aucune avancée majeure n’a été annoncée.

La Russie a par ailleurs de nouveau bombardé des infrastructures dans le district d’Izmaïl (sud-ouest), dont le port, sur le Danube, est devenu crucial pour les exportations de l’Ukraine depuis le rétablissement du blocus en mer Noire, tandis que Volodymyr Zelensky a dit dans la soirée être près de la ligne de front dans l’est.

« Région de Donetsk. Nous rendons visite aux brigades combattantes qui défendent l’Ukraine, qui font partie du groupe opérationnel tactique de Donetsk », a ainsi déclaré le président ukrainien, tandis qu’une vidéo le montrait rencontrant des soldats.

« Nouvelles propositions »

« Nous sommes sur le point de conclure des accords avec six États africains » auxquels « nous avons l’intention de fournir gratuitement » des céréales « dans les prochaines semaines », avait auparavant assuré à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, Vladimir Poutine, sans préciser les pays concernés.

Le chef de l’État russe recevait son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, un des rares dirigeants dans l’OTAN à poursuivre le dialogue au plus haut niveau avec le Kremlin.

M. Erdogan, qui joue aussi les intermédiaires dans l’épineux dossier des exportations de céréales ukrainiennes, a confié, sans autres détails, préparer de « nouvelles propositions » avec l’ONU pour « obtenir des résultats ».  

PHOTO MURAT CETIN MUHURDAR, AGENCE FRANCE-PRESSE

Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine

Vladimir Poutine s’est quant à lui simplement dit à nouveau prêt à « envisager la possibilité de ressusciter l’accord » dès que les livraisons de produits agricoles russes à l’étranger ne seraient plus entravées.

« Aujourd’hui, nous avons reçu une nouvelle confirmation du fait que toutes les “négociations” avec #Poutine sont trompeuses et inutiles… Il vit clairement dans sa propre réalité, où “tout le monde est responsable sauf lui” », a commenté Mikhaïlo Podoliak, un des principaux conseillers du président Zelensky.  

L’enjeu est de négocier l’éventuelle reprise – à temps pour la récolte d’automne – de l’accord céréalier vital pour l’approvisionnement alimentaire mondial, auquel Moscou a mis fin mi-juillet.

Trouvé sous l’égide de la Turquie et des Nations unies à l’été 2022, il visait à protéger les exportations de céréales via les ports ukrainiens de la mer Noire.

Mais le Kremlin critique les sanctions occidentales qui, selon lui, compliquent la mise sur le marché international des produits russes, notamment les engrais, et attend des solutions concrètes pour revenir dans l’accord.

« Échec »

Ces discussions se sont déroulées à un moment où le nombre des attaques de drones en Ukraine, mais aussi sur le territoire russe, a largement augmenté ces dernières semaines.

PHOTO UKRAINE'S OPERATIONAL COMMAND SOUTH, FOURNIE PAR REUTERS

Des dégâts causés par une attaque de drones russes dans la région d’Odessa.

Les défenses russes ont abattu trois drones aériens dans les régions occidentales de Moscou, Kalouga et Tver, ont annoncé les autorités mardi matin.

« Cette nuit, les défenses aériennes de la région de Kalouga et du district d’Istrinsky ont détruit des drones qui tentaient d’attaquer Moscou », a affirmé sur Telegram le maire de la capitale Sergueï Sobianine.

Des dégâts ont été constatés à la suite de la chute de débris dans le district d’Istrinsky, a ajouté l’élu.

Le maire de Moscou a par ailleurs indiqué qu’un troisième appareil se dirigeant vers la capitale a été détruit par la défense aérienne russe au niveau de Zavidovo dans la région de Tver (nord-ouest) sans faire de victime ni de dégât.

Attribuant les attaques à Kyiv, le ministère de la Défense russe a lui indiqué dans trois communiqués distincts qu’un drone avait été abattu dans la région de Kalouga, puis un autre dans le district d’Istrinsky, au nord-ouest de Moscou, et un autre dans la région de Tver. Il n’a pas précisé si les engins visaient la capitale russe.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l’Ukraine a affirmé avoir détruit 23 drones explosifs lancés par la Russie sur le sud, une petite dizaine ayant touché son sol, sans toutefois faire de victimes.

Le gouverneur d’Odessa (sud-ouest) Oleg Kiper a déploré l’endommagement d’« entrepôts, de bâtiments de production, de machines agricoles et d’équipements d’entreprises industrielles » dans le district d’Izmaïl.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des sites industriels avaient déjà été frappés sur le Danube.

L’armée russe a en outre déclaré lundi avoir détruit en mer Noire quatre vedettes transportant des soldats ukrainiens qui naviguaient en direction de l’ouest de la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Et, dans la soirée, le gouverneur de la région russe frontalière de Briansk, Alexandre Bogomaz, a assuré qu’« un groupe de sabotage et de reconnaissance ukrainien » qui tentait de pénétrer en Russie avait été « repoussé ».   

De son côté, le renseignement militaire ukrainien a indiqué qu’un pilote russe d’hélicoptère Mi-8 opposé à l’offensive de Moscou a fait défection et rejoint l’Ukraine aux commandes de son appareil à l’issue d’une opération spéciale montée en secret.

L’Ukraine a également revendiqué lundi des gains territoriaux limités sur le front méridional – objet de toutes les attentions depuis que Kyiv a dit avoir ouvert une petite brèche autour de la localité de Robotyné – et la reprise de trois km2 près de Bakhmout, dans l’Est.

Des succès modestes et balayés d’un revers de la main par Vladimir Poutine qui a estimé lundi une fois encore que cette contre-offensive était un « échec ».

Des négociations sur la fourniture d’armes de Pyongyang à Moscou progressent d’ailleurs « activement », a indiqué lundi la Maison-Blanche, ajoutant que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un souhaite « un échange diplomatique au plus haut niveau en Russie ». Pour Washington, de tels accords en matière d’armement « violeraient les résolutions du Conseil de sécurité » contre la Corée du Nord.