L'Europe a besoin d'immigrés pour son économie et ne pourra résoudre la crise migratoire qu'à travers la coopération, sans construire de murs, a déclaré Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, mercredi à La Valette.

Mme Mogherini ouvrait une réunion Europe-Afrique sur la crise migratoire, avant de participer à la cérémonie de remise de diplôme des 89 gardes-côtes libyens formés par les membres de Sophia, l'opération navale européenne anti-passeurs.

«Je pense que les Européens devraient comprendre que nous avons besoin de l'immigration pour nos économies», compte tenu du vieillissement de la population européenne, a-t-elle dit.

«De son côté, l'Afrique devrait prendre en compte le coût du trafic d'êtres humains, les pertes en vies humaines», a-t-elle ajouté, alors qu'au moins 4500 personnes, essentiellement africaines, sont mortes ou ont disparu en mer l'année dernière en tentant de gagner l'Italie.

«Les migrations ne peuvent être gérées que par la coopération et le partenariat», a insisté Mme Mogherini.

«Il y a des forces à travers le monde qui font pression pour une approche différente, une approche basée (...) sur la construction de murs plutôt que de partenariats», a-t-elle ajouté, sans citer directement le président américain Donald Trump.

«Ce n'est pas la voie européenne», a-t-elle martelé. «L'Europe ne ferme pas ses portes et ne va pas le faire (... mais) nous devons mettre fin à la tragédie en mer et dans le désert. Chaque jour des gens meurent encore».

Première rencontre Mogherini-Tillerson à Washington, annonce l'UE

Federica Mogherini rencontrera son homologue américain Rex Tillerson au cours de sa visite prévue à Washington jeudi et vendredi, a annoncé la Commission européenne.

Il s'agit de son premier déplacement officiel dans la capitale américaine depuis l'élection présidentielle de novembre et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a sévèrement critiqué l'UE récemment.

Outre le secrétaire d'État Rex Tillerson, ex-PDG du géant pétrolier américain ExxonMobil, Mme Mogherini doit rencontrer Michael Flynn, conseiller de Donald Trump en matière de sécurité nationale, Jared Kushner, gendre du président républicain désigné haut conseiller à la Maison-Blanche, ainsi que plusieurs hauts responsables du Sénat, dont Bob Corker et John McCain, selon un communiqué de la Commission mercredi.

Lundi, Federica Mogherini avait déjà évoqué ce déplacement à Washington, présenté comme le premier d'une série de rendez-vous prévus ce mois-ci avec l'administration Trump, des deux côtés de l'Atlantique, pour évoquer les grands sujets de politique internationale (Syrie, Ukraine, conflit israélo-palestinien ...).

Il s'agira en priorité de «trouver des terrains d'entente», des sujets sur lesquels «coopérer», «il peut y avoir des différences», avait-elle précisé, en soulignant aussi l'importance pour l'Europe de thèmes comme le changement climatique ou un fonctionnement efficace de l'ONU.

Le vice-président américain Mike Pence sera lui l'invité des chefs des institutions européennes le 20 février à Bruxelles, dans le cadre de son premier déplacement en Europe depuis sa nomination.

Avant Mme Mogherini, un autre représentant de l'exécutif européen, le commissaire à la Migration Dimitris Avramopoulos, devait entamer dès mercredi à Washington une série d'échanges sur la coopération UE-USA en matière de sécurité et de lutte antiterroriste. Il doit s'entretenir notamment avec John Kelly, secrétaire américain à la Sécurité intérieure.