La fusillade ayant semé la panique à Munich vendredi a été perpétrée par un jeune forcené souffrant de problèmes psychiatriques et fasciné par le massacre commis il y a tout juste cinq ans par Breivik en Norvège.

Selon l'enquête, le jeune Germano-Iranien de 18 ans a prémédité son coup et piégé ses victimes sur Facebook. La tuerie a fait 9 morts et 16 blessés et semé la terreur dans cette ville du Sud de l'Allemagne, où un dispositif policier sans précédent a été un temps déployé par crainte d'un acte terroriste.

«Nous partons du principe qu'il s'agit dans cette affaire d'un acte classique d'un forcené» pris d'une crise de folie meurtrière, «sans motivation politique», a déclaré samedi à la presse le procureur de Munich, Thomas Steinkraus-Koch.

«Il n'y a absolument aucun lien avec (le groupe) État islamique», a renchéri le chef de la police locale, Hubertus Andrä.

Identifié comme David Ali Sonboly, le tueur est né à Munich, de parents venus en Allemagne à la fin des années 1990 comme demandeurs d'asile.

La même arme que Breivik

Vendredi, en début de soirée, il a ouvert le feu sur un groupe de personnes à la sortie d'un restaurant McDonald puis dans un centre commercial. Il a ensuite été blessé par la police avant de se suicider.

Dans son sac à dos, les enquêteurs ont retrouvé environ 300 munitions. La police va devoir déterminer comment il a pu se procurer son arme, un pistolet Glock 17 de calibre 9 mm. Déjà un débat s'est engagé en Allemagne sur la nécessité de durcir la législation sur les armes à feu.

Surtout, les enquêteurs ont parlé d'un «lien évident» avec le tueur norvégien Anders Behring Breivik, qui avait abattu 77 personnes, des jeunes surtout, en 2011.

Des documents sur ce massacre ont été retrouvés dans sa chambre. Par ailleurs, le quotidien Bild relève que l'arme utilisée à Munich est la même que celle dont s'était servi en son temps Breivik, même s'il s'agit d'un pistolet très répandu.

Issu d'une famille à l'origine chiite, il semble qu'il se soit converti à la religion chrétienne, d'où son prénom David, selon le ministre allemand de l'Intérieur.

Il a agi seul et planifié son acte. Selon M. de Maizière, l'auteur a tendu un piège aux victimes après avoir «piraté» le compte Facebook d'une jeune fille : les victimes se sont vu promettre des bons de réduction dans un fast-food du centre commercial. «Une manière particulièrement sournoise de procéder», a commenté le ministre.

La plupart des victimes sont très jeunes, adolescents et jeunes adultes, qu'il fréquentait peut-être pour certains dans son école. Parmi elles figurent trois Kosovars, trois Turcs et un Grec.

Harcèlement à l'école

Bild émet l'hypothèse qu'il pourrait s'en être pris à dessein à de jeunes étrangers et croit savoir qu'il était maltraité notamment par des Turcs dans son école.

M. de Maizière a confirmé qu'Ali David Sonboly a été victime de «harcèlement» de la part d'autres «jeunes de son âge».

Kachroo, un de ses camarades de classe, a indiqué à la chaîne de télévision britannique ITV, qu'il était souvent seul et peu apprécié dans l'école. «Je l'ai vu hier et il avait l'air préoccupé, il était bizarre et ne m'a pas regardé alors que d'habitude il dit bonjour», a-t-il dit.

Le jeune homme résidait avec ses parents dans un logement social avec de nombreux étrangers ou Allemands d'origine étrangère.

Il était amateur de jeux vidéo violents, un élément qui selon le ministre de l'Intérieur a «joué un rôle» dans cette affaire.

«Tout dans son langage corporel était synonyme de «Je ne veux pas vous parler»», a témoigné Stephan, le serveur d'un café installé au rez-de-chaussée de son immeuble.

Selon les autorités, il souffrait de problèmes psychiatriques et était «en cours de traitement».

Munich s'est retrouvée en état de siège pendant plusieurs heures car la police a craint pendant longtemps que plusieurs tireurs étaient en fuite. La chancelière Angela Merkel a parlé d'une «nuit d'horreur».

L'Allemagne reste sous le choc. Cette tuerie est intervenue quatre jours seulement après une attaque à la hache dans un train régional, également en Bavière, commise par un jeune demandeur d'asile de 17 ans qui a revendiqué son geste au nom de l'EI.

Elle intervient plus généralement dans un contexte de forte crainte en Europe, alimenté par les risques d'attentats.