Au moins quarante migrants ont été retrouvés morts asphyxiés samedi dans la cale d'un bateau de pêche surchargé au large de la Libye au cours d'une opération de la Marine italienne, tandis que des centaines de réfugiés tentaient de gagner l'Europe via les îles grecques et l'Italie.

«Opération de secours en cours sur un bateau (...). De nombreux migrants secourus. Au moins quarante morts», a annoncé à la mi-journée la Marine italienne sur son compte Twitter.

Le bateau de pêche a été repéré vers 7 h par un hélicoptère de la Marine à environ 21 milles au nord des côtes libyennes, au sud de l'île italienne de Lampedusa.

Dans l'après-midi, les 312 survivants (dont 45 femmes et 3 enfants), récupérés par le patrouilleur Cigala Fulgosi, ont été transférés à bord d'un navire norvégien, le Siem Pilot, qui participe à l'opération européenne Triton coordonnée par l'agence Frontex, a précisé la marine.

Selon la chaîne de télévision RaiNews, le bateau de pêche était «surchargé et commençait à couler» quand les secours sont arrivés.

Les morts se trouvaient dans la cale, où ils ont vraisemblablement été intoxiqués par les émanations de carburant. En fin d'après-midi, seuls huit corps avaient été remontés à la surface, selon le quotidien la Stampa.

«Nous avons assisté à une scène très forte émotionnellement, a raconté le commandant du Cigala Fulgosi, Massimo Tozzi, à l'agence AGI. De nombreux cadavres flottaient à la surface de l'eau, ainsi que des excréments humains et du carburant».

Interrogés par l'AFP, les garde-côtes italiens ont précisé que l'amélioration des conditions en mer ces dernières heures, après plusieurs jours de mauvais temps, risquait de «favoriser de nouveaux départs».

Au cours de la journée de samedi, 700 personnes ont ainsi été secourues lors de trois opérations distinctes, par des navires, italiens, croate et allemand, ont précisé en fin de journée les garde-côtes.

«Cette tragédie ne sera pas la dernière si la communauté internationale ne trouve pas une solution à la crise en Libye», a répété en conférence de presse le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano.

Un cercle vicieux

D'après les récits des migrants arrivés en Italie par la Méditerranée, les passeurs ont l'habitude d'entasser dans la cale les migrants ayant payé le moins cher, en général originaires d'Afrique sub-saharienne.

Piégés dans un espace si confiné, ces migrants courent le risque de mourir étouffés ou asphyxiés par les émanations de carburant, ou encore noyés si le bateau prend l'eau.

Très souvent, les passeurs ou les passagers du pont font usage de violences pendant la traversée pour empêcher ceux de la soute de sortir : sur ces embarcations toujours surchargées, le moindre mouvement peut faire chavirer le bateau. Les survivants du naufrage ayant fait plus de 200 morts le 5 août avaient ainsi parlé de coups de couteau, de ceinture et de bâton...

Selon un dernier bilan de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) établi vendredi, plus de 2300 autres ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis le début de l'année.

Pendant ce temps, sur l'île grecque de Kos, les opérations d'enregistrement de milliers de migrants arrivés via les côtes turques voisines, jusqu'à présent effectuées dans un stade, ont débuté tôt dimanche matin à bord d'un traversier dépêché par le gouvernement grec, a constaté l'AFP.

Le Eleftherios Venizelos restera à quai deux semaines, ont indiqué les autorités.

Tandis que de nombreux migrants sont encore arrivés à l'aube, des centaines d'autres, ayant pu s'enregistrer, ont pris samedi un traversier pour Athènes.

Parmi eux, Anas, qui voyage avec sa fille, s'attendait à de nouvelles difficultés : «Nous avons échappé à la noyade, mais nous ne savons pas ce qu'il va se passer. Nous sommes arrivés en Europe, mais honnêtement ce n'est que peur, danger, et rien ne marche».

Selon la police grecque, le nombre de migrants sur l'île a diminué ces derniers jours, passant de quelque 7000 à 2500.

En Italie, le nombre des arrivées par la Méditerranée reste équivalent à celui enregistré l'année dernière : 103 226 depuis le 1er janvier, contre 104 225 en 2014 à la même période, a annoncé M. Alfano samedi.

Depuis janvier, «environ 5600 Irakiens sont arrivés sur les îles grecques», selon Stella Nanou, porte-parole du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) à Kos.

Sur un total d'environ 124 000 migrants ayant traversé la mer Égée au cours de cette période, un chiffre en croissance de 750 % par rapport à 2014 selon le HCR, une majorité sont des Syriens fuyant la guerre dans leur pays.