Dans la campagne des législatives au Royaume-Uni, trois anciens conseillers de Barack Obama épaulent le conservateur David Cameron et le travailliste Ed Miliband, mais leur engagement concerne l'image plus que le fond selon des experts.

Aux commandes de la communication de l'opposition travailliste, David Axelrod, créateur du «Yes we can» de Barack Obama et stratège de son accession à la Maison-Blanche en 2008.

Ce moustachu de 60 ans, qui a confié en février qu'Obama était «le candidat d'une vie» pour un conseiller, avait déclaré il y a un an, au moment de son recrutement par le Labour, avoir été frappé par la puissance des idées d'Ed Miliband et la «force de sa vision».

Une vision qui a pourtant du mal à prospérer face au procès en incompétence quasi quotidien instruit à son encontre par les Tories, David Cameron en tête.

Des attaques répétitives orchestrées, selon le chef du parti europhobe Ukip Nigel Farage, par l'équipe de communication des conservateurs qui compte également deux ex-conseillers du président américain: Jim Messina, 46 ans, le chef de campagne de Barack Obama pour sa réélection en 2012 et Reggie Love, 33 ans, un homme de confiance de Potus (Président of the United States).

«Ce que je vois dans cette élection c'est l'influence de ces grands conseillers américains qui va faire de cette campagne la plus négative, méchante et portée sur les attaques personnelles que j'ai jamais vue», a déclaré Nigel Farage.

Qualifiant Ed Miliband de «personne parfaitement respectable», il a dit ne pas voir l'intérêt des «attaques personnelles à son encontre» pour «le débat national».

«Juteux business de conseil en politique» 

David Bowden, directeur éditorial du think tank britannique Institute of Ideas, est sceptique quant à la responsabilité réelle de ces conseillers dans le durcissement des attaques.

Il juge que «la politique britannique a toujours été incroyablement musclée et conflictuelle avec une forte tradition satirique».

Qui plus est, la lecture des comptes officiels Twitter des trois spin doctors américains, où ne figure aucun tweet ces derniers mois sur les législatives du Royaume-Uni, semble accréditer un profil bas sinon un désintérêt pour le sujet relevé par les médias britanniques.

Pour certains, le recrutement de ces super-conseillers aux salaires à 6 chiffres, selon la presse britannique, serait d'abord un vaste coup de pub visant à attirer un peu de l'aura du président américain sur la terne campagne des législatives britanniques.

«Je ne crois pas que ces trois consultants américains auront beaucoup d'influence sur les élections britanniques», confirme à l'AFP Aeron Davis, professeur de communication politique au Goldsmiths College de Londres.

Pour cet expert, la présence de ces spin doctors étrangers, qui n'est pas nouvelle dans le paysage politique britannique, illustre avant tout «l'existence d'un juteux business du conseil en politique» et la volonté «des partis de faire briller leurs armes de communication».

Même constat pour David Bowden qui juge «que leur rôle dans les deux camps n'a pas été particulièrement significatif».

«Tout au plus, Jim Messina semble être derrière la stratégie des conservateurs de développer la présence sur les médias sociaux», a-t-il dit à l'AFP.

«L'influence d'Axelrod sur le Labour est beaucoup plus difficile à discerner et c'est avant tout son manque d'implication dans la campagne qui a été largement remarqué», a-t-il ajouté.

Si les «Obama boys» ne semblent donc pas déterminants, leur présence aux côtés des deux principaux acteurs de la politique britannique illustre le fait que conservateurs et travaillistes «ne se battent désormais que sur des détails techniques concernant l'économie» alors qu'auparavant ils «incarnaient des idéaux contraires au sein de la société», juge David Bowden.