Le président François Hollande a assuré lundi que la France n'«insult(ait) personne» quand elle défendait ses «idées», évoquant à demi-mot les manifestations à travers le monde contre la caricature de Mahomet publié en une du dernier numéro de Charlie Hebdo.

«Nous n'insultons personne lorsque nous défendons nos idées, lorsque nous proclamons la liberté, au contraire, nous respectons toutes celles et tous ceux à qui nos idées s'adressent pour les faire partager», a lancé le chef de l'État, qui s'exprimait à l'occasion du 70e anniversaire de l'Agence France-Presse lors d'une réception à Paris.

«La France ne fait pas de leçon, à aucun pays, mais la France n'accepte aucune intolérance» et «le drapeau français, c'est toujours celui de la liberté», a-t-il  souligné.

Près de deux semaines après l'attentat mené par deux frères djihadistes français contre l'hebdomadaire satirique à Paris, et qui a fait 12 morts le 7 janvier, les manifestations anti-Charlie Hebdo se sont poursuivies lundi, notamment en Tchétchénie, après un week-end marqué par de violentes émeutes au Niger.

M. Hollande a rendu un hommage appuyé aux journalistes tués ou blessés dans l'exercice de leur fonction et tout particulièrement au photographe pakistanais de l'AFP Asif Hassan, grièvement blessé vendredi lors d'une manifestation anti-Charlie Hebdo à Karachi.

Il couvrait «une manifestation, comment dire, anti-liberté», a relevé le chef de l'État.

Selon lui, les journalistes de Charlie Hebdo voulaient «tout simplement que leur impertinence, leur insolence soient comprises comme une forme de tolérance et de respect pour toutes les croyances».

Ainsi, selon lui, «s'il y a un hommage que nous pouvons rendre à Charlie Hebdo, c'est de faire en sorte que la liberté de la presse, la liberté d'expression mais aussi la laïcité soient partout défendues, promues».

Soulignant que la liberté d'expression était «une valeur universelle», le président a assuré qu'il ne s'agissait pas «de dicter aux autres ce qu'ils doivent penser mais simplement de faire respecter ce qui est pensé, ce qui est exprimé, ce qui est dit librement».

Par ailleurs, il s'est engagé à ce qu'un projet de loi renforçant «la protection du secret des sources» soit examiné au Parlement cette année.

De son côté, le président de l'AFP Emmanuel Hoog a souligné l'indépendance de l'AFP, soulignant que l'Agence «ne sera jamais la voix de la France». Il a insisté sur la responsabilité des journalistes: «il faut que nous soyons en permanence en capacité de mesurer les conséquences des informations que nous sortons». Il faut, selon lui, «être deux fois responsables : pour nous-mêmes et pour ceux qui vont nous lire, ou nous voir. Et la sensibilité du monde est non seulement extrême sur certains sujets mais également extrêmement diverse».

Parmi les invités plusieurs responsables religieux ont  assisté à cet anniversaire, dont Haïm Korsia, grand rabbin de France, et Mohammed Moussaoui, président d'honneur du Conseil français du culte musulman et président de l'Union des mosquées de France.