Les forces azerbaïdjanaises ont abattu mercredi un hélicoptère militaire arménien, l'un des incidents les plus graves depuis la fin en 1994 du conflit qui a opposé l'Azerbaïdjan à l'Arménie concernant la région disputée du Nagorny-Karabakh.

«Le 12 novembre, un hélicoptère de combat Mi-24 a tenté d'attaquer les positions de l'armée azerbaïdjanaise près de la région d'Agdam (dans le Nagorny-Karabakh). L'hélicoptère a été abattu par l'armée azerbaïdjanaise», a annoncé le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

Selon Bakou, les débris de l'hélicoptère sont tombés sur le territoire du Nagorny-Karabakh, une région séparatiste peuplée en majorité d'Arméniens au coeur d'un conflit larvé qui empoisonne les relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Alimentant les craintes que cet incident ne transforme ce conflit gelé en guerre ouverte, Erevan a averti Bakou qu'il aurait de «sérieuses conséquences».

«C'est une escalade sans précédent et les conséquences pour l'Azerbaïdjan seront sérieuses», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères Artsroun Hovanissian.

«L'Azerbaïdjan assure que l'hélicoptère arménien a attaqué ses positions. Il n'en est rien. L'analyse des débris prouvera que l'appareil ne transportait aucune arme», a-t-il ajouté.

Le ministère de la Défense (séparatiste) du Nagorny-Karabakh a confirmé que l'hélicoptère appartenant aux forces de ce territoire avait été abattu par l'armée azerbaïdjanaise pendant qu'il «effectuait un vol d'entraînement dans le cadre d'exercices militaires».

Les forces du Karabakh font depuis jeudi des exercices communs avec l'Arménie.

Les Azerbaïdjanais «continuent de tirer abondamment dans la direction du site du crash avec différentes armes de petit calibre», a ajouté ce ministère.

Les médias arméniens ont indiqué pour leur part que les trois membres de l'équipage avaient trouvé la mort.

Le groupe de médiateurs pour les négociations de paix au Nagorny-Karabkh sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dit le Groupe de Minsk, a fait part de «son inquiétude très sérieuse» à propos «du grave incident, le premier du genre depuis l'accord de cessez-le-feu».

«Les évènements de ce jour nous rappellent combien le conflit au Nagorny-Karabakh est volatile et combien il est urgent d'intensifier les efforts pour trouver une solution durable», a indiqué dans un communiqué, le Groupe de Minsk co-présidé par la France, la Russie et les États-Unis.

Les accrochages se sont multipliés ces derniers mois dans la région du Nagorny-Karabakh, les deux camps s'accusant mutuellement d'y déclencher des attaques qui ont fait plusieurs dizaines de morts depuis août.

Rattaché à l'Azerbaïdjan à l'époque soviétique, le Nagorny-Karabakh a été l'enjeu d'une guerre qui a fait 30.000 morts et poussé des centaines de milliers de personnes à l'exode entre 1988 et 1994.

Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le statut de la région, qui reste une source de tensions dans le Caucase du Sud, une zone stratégique située entre l'Iran, la Russie et la Turquie.

Malgré des années de tentatives de médiation internationale, les deux pays n'ont toujours pas signé de traité de paix définitif à propos du Nagorny-Karabakh, que la communauté internationale considère toujours comme un territoire appartenant à l'Azerbaïdjan.

L'Azerbaïdjan, pays riche de ses exportations pétrolières et dont les dépenses militaires dépassent le budget d'État total de l'Arménie, a menacé de reprendre par la force ce territoire disputé si les négociations n'aboutissaient pas à des résultats concrets.

L'Arménie, qui est pour sa part armée par la Russie, assure toutefois qu'elle est capable de repousser toute offensive.

La France a organisé en octobre un sommet ayant réuni les présidents arménien et azerbaïdjanais, mais qui n'a pas abouti à des avancées concrètes.