Le bilan de l'inondation soudaine qui a frappé Varna, le grand port bulgare sur la mer Noire, s'est aggravé vendredi à 14 morts et des touristes étrangers devaient être évacués.

Jeudi soir, un violent orage s'est abattu sur le nord-est de la Bulgarie déjà soumis à des pluies intenses depuis des semaines, libérant une trombe d'eau depuis une colline surplombant une banlieue de Varna.

Sans attendre les résultats des investigations, des habitants ont mis en cause une coupe de bois illégale sur cette colline, qui aurait favorisé le déferlement.

Le bilan, encore provisoire, est de onze morts à Varna, dont deux enfants, et plusieurs disparus. Trois personnes se sont également noyées dans la région de Dobritch, au nord de Varna.

L'état de catastrophe naturelle a été décrété à Varna, à Dobritch, ainsi que dans plusieurs localités du centre du pays.

Dans la station balnéaire d'Albena, au nord de Varna, 1200 touristes parmi lesquels des Allemands, Russes et Britanniques ont été évacués par camions et hélicoptères, leurs hôtels étant inondés, a annoncé le directeur Krassimir Stanev.

Des enfants ukrainiens se sont trouvés bloqués par les eaux dans un hôtel à Kranevo, au nord de Varna, selon des médias locaux.

«Je n'ai jamais vu un tel désastre de ma vie, ni mes parents, ni mes grands-parents», a témoigné à l'AFP Branimir, habitant de Varna de 38 ans: «J'ai vu l'eau arriver et je me suis enfui (...) Il y a eu la panique et chacun se sauvait comme il pouvait». Selon lui, les services de secours ont sauvé de justesse un touriste tchèque de la noyade.

Stefan Hristov, 25 ans, s'est, lui, sauvé en montant sur un toit avec sa femme enceinte et leur jeune enfant. «J'ai entendu une voiture heurter notre maison. En quelques minutes l'eau dans la rue avait atteint deux mètres. Nous avons réussi à monter sur le toit», a-t-il déclaré à l'AFP.

Vendredi, les rues étaient couvertes d'une épaisse couche de boue, encombrées d'épaves de voitures, d'arbres déracinés, alors que les habitants de la banlieue d'Asparouhovo, ainsi qu'à Dobritch, évacuaient l'eau de leurs maisons, a constaté un photographe de l'AFP.

Des soldats et des prisonniers étaient mobilisés comme secouristes.

Le relief d'Asparouhovo, banlieue pittoresque de Varna au pied d'une colline, a joué un rôle dans le drame, que des habitants attribuent à une coupe de bois illégale qui aurait facilité le déferlement de l'eau.

Le port de Varna était fermé vendredi. Les établissements scolaires dans le nord-est, où des examens de fin d'année auraient dû se tenir dans les collèges, ont également gardé leurs portes closes.

Des messes à la mémoire des victimes et pour la prospérité des vivants se sont tenues dans les églises de Varna.

Minute de silence

«La situation est actuellement maîtrisée, mais nous sommes sur le qui-vive», a déclaré le premier ministre Plamen Orecharski. Il a annoncé l'ouverture d'une enquête et s'est informé des possibilités d'aide européenne.

La commissaire européenne chargée de l'aide humanitaire, la Bulgare Kristalina Georgieva, est attendue samedi sur les lieux du sinistre.

Une collecte lancée par les médias a recueilli l'équivalent de 100 000 euros (plus de 147 000 $) en quelques heures.

À Sofia, le parlement a respecté une minute de silence, et lundi a été décrété journée de deuil national.

Des orages accompagnés de pluies abondantes et de grêle s'étaient abattus jeudi dans toute la Bulgarie, inondant de nombreuses localités, ainsi que des campings sur la mer Noire, où la saison des vacances a démarré tard en raison d'un printemps déjà pluvieux.

Dans la région de Veliko Tarnovo (centre), le col de la République traversant la chaîne des Balkans, par lequel passe une route reliant la Roumanie à la Turquie, a été fermé.

Le service météorologique prévoyait une réduction des pluies dans les prochains jours, mais n'excluait pas des orages.