La police a saisi plusieurs armes au domicile de l'ancien policier interpellé et placé mardi en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur le quadruple meurtre de Chevaline, dans les Alpes françaises, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

«La présence de ces armes confirme la passion de cet homme, collectionneur d'armes anciennes», précise-t-on de même source. Les enquêteurs ont également indiqué que l'examen de son téléphone portable permettait d'établir que cet homme de 48 ans se trouvait dans la zone de la tuerie au moment des faits le 5 septembre 2012.

Un an et demi après les faits, un suspect a été placé en garde à vue mardi dans les Alpes françaises dans l'enquête sur le quadruple meurtre de Chevaline, première arrestation à survenir en France dans cette retentissante affaire.

Cet homme de 48 ans, vivant dans la région où le drame est survenu, et sans «lien direct» avec les protagonistes, a été interpellé par les gendarmes, a annoncé le procureur de la République à Annecy (est), Éric Maillaud.

Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d'origine irakienne travaillant dans le secteur de l'aéronautique au Royaume-Uni, sa femme de 47 ans, et sa belle-mère de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche du village de Chevaline, non loin de la frontière suisse.

Un cycliste français - considéré par les enquêteurs comme une victime collatérale - avait également été abattu. L'une des fillettes du couple al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous la jupe de sa mère, s'en était miraculeusement sortie indemne.

L'interpellation de mardi, «qui ne restera peut-être pas unique, est le fruit des témoignages recueillis notamment après la diffusion, le 4 novembre 2013, du portrait-robot d'un motard vu à proximité de la scène de crime et recherché activement par les enquêteurs», a précisé le magistrat.

Le suspect présente «une forte ressemblance» avec ce portrait-robot diffusé, a précisé à l'AFP le procureur.

Jusqu'à présent, une seule personne avait été arrêtée au Royaume-Uni dans cette affaire: Zaïd al-Hilli, frère de Saad, interpellé le 24 juin 2013, soupçonné de «complot pour commettre un meurtre». Il avait été remis en liberté provisoire et conditionnelle dès le lendemain.

Son contrôle judiciaire a été levé à la mi-janvier. Le procureur Éric Maillaud avait cependant déclaré qu'en dépit des apparences, inhérentes aux particularités de «deux régimes juridiques différents», l'homme de 54 ans n'était aucunement «disculpé» et que des charges pesaient toujours contre lui.

Zaïd al-Hilli «n'a pas répondu de façon claire et précise à plusieurs questions fondamentales, relatives notamment à son emploi du temps», avait indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

«Avancée importante dans l'enquête»

L'arrestation remet la piste d'un tueur local au premier plan alors que la justice travaillait plutôt sur la piste d'un conflit familial sur fond d'héritage disputé entre les deux frères. Les deux scénarios ne sont toutefois pas incompatibles.

Zaïd al-Hilli n'a cessé de clamer de façon véhémente son innocence et a refusé de se rendre en France - un pays auquel il ne fait «pas du tout confiance» - pour y être entendu.

De source proche du dossier, on faisait état mardi matin d'«une avancée importante dans l'enquête», tout en précisant que «d'autres gardes à vue devraient suivre».

«C'est une hypothèse de travail parmi d'autres, mais ce n'est pas l'hypothèse numéro un», a ajouté cette source.

Eu égard à la présomption d'innocence et «en l'absence de lien direct entre cet homme et les protagonistes» du drame, le parquet n'a communiqué aucune information supplémentaire sur l'homme arrêté en Haute-Savoie.

Le domicile de cet homme, dans un village proche des faits, a fait l'objet d'une perquisition, en présence de sa compagne, a indiqué une source proche du dossier.

«C'est quelqu'un qui habite les environs de Chevaline, qui n'a pas d'emploi connu. Il fait partie des individus sur lesquels les enquêteurs travaillaient dans le cadre de la piste locale», a souligné la même source.

Cet homme est décrit comme un «montagnard taiseux (taciturne)», vivant comme un marginal, amateur d'armes, selon la même source.

ILLUSTRATION ARCHIVES AFP

L'interpellation de mardi, «qui ne restera peut-être pas unique, est le fruit des témoignages recueillis notamment après la diffusion, le 4 novembre 2013, du portrait-robot d'un motard vu à proximité de la scène de crime et recherché activement par les enquêteurs», a précisé le magistrat.