La Russie va attendre la formation du nouveau gouvernement ukrainien pour s'assurer qu'il y a lieu de mettre en oeuvre les accords conclus en décembre sur une aide de 15 milliards de dollars, a déclaré mercredi le président Vladimir Poutine.

Lors de la même réunion, le premier ministre, Dmitri Medvedev, a aussi mis en exergue la dette de l'Ukraine pour le gaz russe, qui s'élève selon lui à 2,7 milliards de dollars.

«Attendons la formation du nouveau gouvernement ukrainien», a déclaré M. Poutine lors d'une réunion de travail, cité par l'agence publique Ria Novosti.

Il répondait à M. Medvedev, qui soulignait qu'il ne fallait mettre en oeuvre ces accords qu'après avoir pris connaissance de la composition du nouveau gouvernement.

«Concernant la nécessité de mettre en oeuvre tous les accords, nous devons le faire de manière réfléchie, et nous ne pourrons le faire de manière réfléchie que quand nous saurons quel sera le nouveau gouvernement, qui y travaillera, et quels seront ses principes de travail», avait déclaré M. Medvedev.

Sur le gaz, l'Ukraine «demande de nouveau un délai pour sa dette historique, et ne paie pas ses factures actuelles» malgré la baisse de tarif d'un tiers accordée en décembre, a aussi souligné M. Medvedev.

«Cela change fortement la situation et cela doit être pris en compte dans les relations avec un nouveau gouvernement», a-t-il déclaré.

Mardi à l'issue d'un sommet avec les dirigeants de l'UE à Bruxelles, M. Poutine avait assuré que la Russie ne reviendrait pas sur ses accords économiques avec l'Ukraine, même si l'opposition pro-européenne y arrivait au pouvoir.

Indiquant que l'Ukraine demandait un délai pour payer sa dette gazière, il avait déclaré que cela serait «très difficile à faire».

La Russie a été accusée en décembre par les Européens d'avoir exercé des pressions économiques sur l'Ukraine pour la dissuader de signer en novembre un accord d'association avec l'UE, en préparation depuis plusieurs années.

Peu après cette volte-face du président Viktor Ianoukovitch, la Russie avait accordé à l'Ukraine une baisse d'un tiers des prix du gaz et une ligne de crédit de 15 milliards de dollars, dont 3 milliards ont déjà été versés selon des chiffres fournis mercredi.

Ce brusque changement d'orientation a été à l'origine de deux mois de contestation dans les rues de Kiev puis dans des villes de province, qui ont mené le pays au bord du gouffre et entraîné la démission, mardi, du gouvernement.