Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a relancé vendredi l'idée d'une réforme du droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, prônant la renonciation à un tel droit en cas de «crime de masse».

«Lorsque le Conseil de sécurité aurait à se prononcer sur une situation de crime de masse, les membres permanents s'engageraient à renoncer à leur droit de veto», écrit le ministre dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, sans plus de précisions sur la notion de «crime de masse».

Évoquant particulièrement la Syrie, le ministre rappelle «l'impuissance» du Conseil de sécurité pendant deux ans et demi, bloqué à trois reprises par un veto russo-chinois.

«Il a fallu attendre plus de deux ans et 120 000 morts en Syrie pour que le Conseil de sécurité cesse enfin d'être paralysé par l'usage du veto et prenne une décision», rappelle-t-il.

Le Conseil de sécurité a adopté fin septembre une résolution sur la destruction de l'arsenal chimique syrien, après des semaines d'intenses tractations américano-russes.

«Une paralysie de l'ONU pendant deux années, avec ses conséquences humaines dramatiques, ne peut pas être acceptée par la conscience universelle», écrit-il. «Il s'agit pour les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de procéder à un encadrement volontaire du droit de veto», ajoute M. Fabius.

«Pour être réaliste, ce code exclurait les cas où seraient en cause les intérêts vitaux nationaux d'un membre permanent du Conseil», ajoute-t-il, sans plus de précision.

Le président François Hollande avait repris cette proposition française ancienne de réforme du droit de veto en cas de crime de masse lors de la 68e Assemblée générale de l'ONU fin septembre à New York.