Le Parlement hongrois a adopté tard lundi soir une nouvelle loi qui permet aux autorités locales de définir des zones interdites aux itinérants, et de détruire leurs abris de fortune, un texte dénoncé comme criminalisant la pauvreté.

Prônant la protection de «l'ordre public, la sécurité, la santé et les valeurs culturelles», le texte donne la possibilité aux autorités locales de définir des zones, surtout touristiques, interdites aux sans-abri et de détruire les cabanes et abris temporaires de ces derniers.

Les contrevenants pourront être condamnés à des travaux d'intérêt public, des amendes, voire de la prison.

La politique de Budapest envers les sans-abri a déjà suscité des critiques, non seulement au niveau national, mais aussi international, par exemple la Commission de Venise, liée au Conseil de l'Europe.

Plus tôt ce mois-ci, l'ONG Human Rights Watch a cité les lois hongroises contre les sans-abri comme un exemple de la manière dont le gouvernement conservateur de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, déjoue les lois et les valeurs de l'Union européenne.

La dernière loi est pourtant «principalement dans l'intérêt des personnes sans-abri», a insisté le gouvernement dans un communiqué publié lundi soir, ajoutant que sans ce texte, ces personnes «courent le risque de mourir de froid l'hiver au lieu de s'abriter dans un foyer d'accueil».

Le gouvernement rappelle que les fonds pour augmenter la capacité des abris officiels ont augmenté, couvrant les besoins des sans domicile fixe (SDF), dont le nombre est évalué à plus de 4000 rien qu'à Budapest et de près de 30 000 à travers le pays.

Ces abris officiels sont surtout des anciens foyers ouvriers, mal entretenus pour la majorité, où les SDF craignent d'y être volés ou agressés.

La Cour constitutionnelle avait retoqué fin 2012 une loi similaire, mais en mars 2013, la majorité au Parlement a modifié la Constitution pour y intégrer le texte controversé.

Avant le vote de lundi soir, quelques centaines de SDF ont manifesté devant le Parlement avec le soutien de diverses associations.

«C'est un problème social, pas criminel», a indiqué à l'AFP Tessza Udvarhelyi, du groupe «La ville appartient à tous», qui compte saisir l'office du commissaire des droits fondamentaux et celui du président de la République pour contrer la loi.

«Les autorités devraient aider les SDF, leur trouver du travail et des logements dignes de ce nom, et non les punir», a-t-elle ajouté, qualifiant de «mensonges» les propos du gouvernement sur le nombre suffisant de places d'accueil.