La journée d'hier restera marquée d'une fleur de lys dans l'histoire de la basilique Saint-Pierre. Les voix des Petits Chanteurs de Trois-Rivières ont résonné non pas une, mais deux fois dans la célèbre église du Vatican. Une première québécoise.

Une messe papale en juillet est aussi rare qu'une tempête de neige à Rome. Le pape François a pourtant prononcé hier matin une homélie dans la basilique Saint-Pierre. Et à une vingtaine de mètres de lui, les 44 Petits Chanteurs de Trois-Rivières, dont 32 âgés de moins de 18 ans, ont entonné les refrains des chants liturgiques, en soutien à la chorale maîtresse.

Il s'agissait du point d'orgue d'une tournée européenne de deux semaines, qui les a menés de Marseille à Turin.

Malgré la fraîcheur du marbre, il faisait chaud comme dans un four dans la basilique, où 20 000 fidèles s'éventaient avec le livret liturgique.

Bien que les Petits Chanteurs aient visité plusieurs fois le Vatican au cours des décennies, et même rencontré le pape Jean-Paul II en 1987, c'était la première fois qu'ils animaient une messe papale.

Et en dépit de leur familiarité avec les lieux saints, quelques enfants revêtus de leur aube blanche avaient l'air hébété devant la magnificence de l'endroit. «Des fois, je regardais autour de moi, il y avait tellement de gens de toutes les nationalités», explique Marie-Pierre Dufresne, 10 ans, après la sortie des pèlerins.

Mais les choristes québécois, postés à la droite du choeur de la chapelle Sixtine - la chorale privée du Saint-Père - n'ont pas donné leur place. «À certains moments, on enterrait la chorale du pape», dit fièrement Jean Beauchesne, choriste, comme ses deux enfants.

Heureux hasard

La chorale a su seulement trois semaines à l'avance qu'elle chanterait pour le pape François, qui a décidé de bouder ses vacances à la campagne. Elle est venue à Rome sur l'invitation d'un ancien Petit Chanteur trifluvien, aujourd'hui maître de la chapelle Giulia, le choeur officiel de la basilique Saint-Pierre. Le père Pierre Paul est le premier non-Italien à diriger la vénérable institution, qui célèbre son 500e anniversaire cette année.

«Les Petits Chanteurs ont eu des compliments de la part de Radio Vatican», s'enorgueillissait le père Paul, à la suite de la messe papale. D'ailleurs, les choristes québécois ont chanté une seconde fois avec la chapelle Giulia du père Paul dans la basilique Saint-Pierre, en après-midi.

Mais à l'heure du dîner, les enfants ne parlaient que du souverain pontife. «J'avais peur que le pape soit trop vieux, dit Sandrine Bernier, 10 ans. Mais quand j'ai commencé à chanter, ça m'a calmée.»

D'autres, comme Félix Dugré-Arcand, n'avaient pas été intimidés par la pompe papale. «Je n'ai pas été si impressionné par les autres choristes à la basilique», dit le jeune de 13 ans, d'un air assuré.

Malgré tout, des enfants avaient eu des maux de ventre le matin même, assurent des parents accompagnateurs. C'était peut-être aussi dû à l'horaire éreintant des Petits Chanteurs, qui ont rarement dormi plus de six heures par nuit au cours du périple.

Si certains avaient hâte de rentrer au Québec aujourd'hui, d'autres réalisaient leur chance immense. «J'aimerais que la journée ne se termine jamais», dit Ellie Caron, choriste et amatrice de crème glacée romaine de 13 ans, avec un sourire béat.