Pour la première fois depuis sa défaite de 2012, Nicolas Sarkozy assiste lundi à une réunion de son parti après l'invalidation de ses comptes de campagne qui met l'UMP dans le rouge, un geste vu comme une étape vers un retour même si ses proches assurent que ce moment n'est pas venu.

Cette participation de l'ex-président français de droite à un «bureau politique extraordinaire» de l'UMP «doit être comprise comme un témoignage de solidarité», «ce n'est en aucun cas un retour à la vie politique», a affirmé à l'AFP l'ancien ministre Brice Hortefeux.

Le Conseil constitutionnel a confirmé le 4 juillet le rejet des comptes de campagne de M. Sarkozy au motif qu'ils excédaient le plafond autorisé et décidé de supprimer le remboursement forfaitaire de l'État, soit près de onze millions d'euros.

Cette décision met en péril les finances de l'UMP, déjà en difficulté financière après sa défaite aux législatives de juin 2012. Le parti a immédiatement lancé «une grande souscription nationale» et annoncé dimanche avoir collecté «plus de deux millions d'euros» en moins de trois jours.

Dès l'annonce du Conseil, Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il ne siégerait plus dans cette instance dont il est membre de droit en tant qu'ancien président, «afin de retrouver sa liberté de parole». Et de se poser en victime alors que pour la gauche il a «fraudé», comme l'a résumé lundi le ministre du Travail Michel Sapin en rappelant que les différents candidats avaient été mis en garde sur leurs dépenses par la commission des comptes de campagne.

Il n'en fallait pas plus pour que les médias titrent sur le «retour», déjà annoncé depuis des mois sur fond de confidences rapportées de Nicolas Sarkozy, soucieux de ne pas abandonner le terrain à son premier ministre François Fillon. Ce dernier a déjà fait part de sa candidature à la primaire prévue à droite en 2016 pour la présidentielle de l'année suivante.

Nicolas Sarkozy, «c'est le meilleur communicant parce qu'avoir fait élire François Hollande par ses échecs, avoir ruiné son parti pour ne pas avoir respecté la loi, tout simplement, et revenir en héros, chapeau!», a ironisé le député Nicolas Dupont-Aignan.

Horizon judiciaire encombré

Après avoir hésité à s'adresser aux Français, Nicolas Sarkozy devrait dans l'immédiat se contenter de ce «vrai-faux retour» et poursuivre voyages et conférences privées à l'étranger qu'il mène depuis un an, selon ses proches.

Selon son ancienne porte-parole à la présidentielle, Nathalie Kosciusko-Morizet, la décision de retour ne doit pas être imposée «par des événements extérieurs quels qu'ils soient».

«Nicolas Sarkozy n'a pas dit "je reviens en politique", il a dit "cette décision inédite (du Conseil constitutionnel) pose un problème pour ma famille politique et je suis avec elle, ça n'est pas la même chose"», a-t-elle ajouté.

En France, l'ex-président apparaît toujours comme une personnalité clivante, puisque 82% des sympathisants UMP souhaitent qu'il soit candidat dans quatre ans, alors qu'ils sont aussi nombreux à gauche (81%) à ne pas le souhaiter.

Avant de s'exprimer, l'ex-président attend aussi probablement d'y voir plus clair sur son horizon judiciaire.

Dans l'affaire Bettencourt, le parquet a certes requis un non-lieu alors qu'il était soupçonné par les juges d'avoir commis un abus de faiblesse sur l'héritière de L'Oréal pour financer sa campagne de 2007.

Mais d'autres dossiers restent menaçants, au moins politiquement.

L'enquête sur la décision de l'État de recourir à un arbitrage dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais (qui a abouti à l'octroi de 400 millions d'euros à l'homme d'affaires) se rapproche de ses plus proches collaborateurs après plusieurs mises en examen pour «escroquerie en bande organisée».

D'autres juges enquêtent sur des accusations de financement libyen de sa campagne de 2007 ou sur la régularité de nombreux sondages commandés sous sa présidence.