Le président de l'Assemblée nationale française, le socialiste Claude Bartolone, a maintenu dimanche ses déclarations contre la politique de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui continuent à susciter la polémique dans la majorité et la réprobation dans l'opposition.

La controverse entre socialistes, à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement, a éclaté après la parution vendredi d'un virulent projet de texte du Parti socialiste (PS) qualifiant Mme Merkel de «chancelière de l'austérité» et l'accusant d'«intransigeance égoïste».

Et tandis que le président François Hollande avait seulement évoqué fin mars «une tension amicale» avec Mme Merkel, M. Bartolone, quatrième personnage de l'État, est allé jusqu'à envisager une «confrontation» avec l'Allemagne.

Samedi, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, est intervenu pour tenter de calmer le jeu. Il a rappelé «l'indispensable» amitié franco-allemande et la nécessité d'«un dialogue intense et sincère» entre Paris et Berlin.

Mais cela n'a pas empêché le débat de se poursuivre.

Côté gouvernement, les ministres Manuel Valls (Intérieur) et Michel Sapin (Travail) ont vivement critiqué dimanche l'usage du terme «confrontation» par le président de l'Assemblée nationale.

Mais Benoît Hamon, ministre de la Consommation et représentant de la gauche du PS, a, lui, maintenu dans une interview à un journal britannique qu'il fallait «en finir avec les politiques d'austérité en Europe», dont Mme Merkel est, selon lui, l'une des rares à penser encore qu'elles marchent.

Dimanche après-midi, le ton est encore monté d'un cran. Dans un message sur son blog intitulé «Tempête dans un verre d'eau», M. Bartolone a moqué une forme «d'emballement, de panique même» voire de «convulsion un peu loufoque».

«Que les ministres qui s'offusquent des positions émanant des parlementaires se concentrent un peu moins sur le commentaire de celles-ci et un peu plus sur l'état d'avancement de leurs dossiers. Beaucoup reste à faire», a lancé M. Bartolone.

«Moi, je ne me tairai plus», a-t-il prévenu.

Un député PS proche de Benoît Hamon, Razzy Hammadi, a apporté son soutien à M. Bartolone, dénonçant «le hold-up intellectuel consistant à dire qu'on ne doit pas être dans la confrontation contre ce que représente Angela Merkel».

Par ailleurs, alors que sous la pression des services du Premier ministre le projet de texte du PS sera finalement expurgé des références incrimantes contre Mme Merkel, le député a trouvé «surprenant» qu'un texte d'un parti soit amendé sur demande du gouvernement.

Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS chargé des questions européennes, s'est joint à la polémique. «Le Parti socialiste veut la réorientation de l'Europe et ne cédera pas aux postures hypocrites et surjouées», a averti M. Cambadélis, qui avait présidé à la rédaction du document controversé.

L'opposition de droite, quant à elle, a poursuivi ses attaques contre la majorité, l'accusant d'être irresponsable et de se défausser de ses échecs sur l'Allemagne.

«Honnêtement, on en reste les bras ballants, d'autant qu'on choisit comme bouc émissaire le pays qui réussit le mieux en Europe», a lancé Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP (droite). «On a affaire à une gigantesque opération de mascarade et de diversion», a-t-il dit.

«C'est absurde, dangereux et irresponsable de la part d'un grand parti de gouvernement», a déclaré Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire de l'UMP pour la mairie de Paris.

Le président du MoDem (centre), François Bayrou, a critiqué «des discours profondément inquiétants, parce que (ce sont) des discours de démobilisation», et il a vu dans les critiques socialistes contre Mme Merkel «un brin de germanophobie».