Le candidat de droite Nicos Anastasiades a été élu dimanche à la présidence de Chypre avec 57,5% des voix et aura désormais la difficile tâche de conclure un plan de sauvetage européen crucial pour l'île au bord de la faillite.

Avocat pro-européen de 66 ans et vétéran de la vie politique chypriote, M. Anastasiades a largement devancé Stavros Malas, un indépendant soutenu par les communistes dominant le gouvernement sortant, selon les résultats officiels qui font état d'un taux de participation de plus de 81%.

L'équipe de M. Anastasiades a annoncé que celui-ci prendrait la parole à 21H00 (14H00, heure de Montréal). «Chypre est à la croisée des chemins (...). Ce scrutin marque le début d'une nouvelle ère», avait-il affirmé dans la matinée après avoir voté dans la ville côtière de Limassol.

Alors que le pays a demandé en juin une aide financière à la troïka formée par l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, le scrutin était suivi de près par les ministres des Finances de la zone euro, qui ont attendu le résultat de la présidentielle pour se prononcer sur le plan d'aide.

M. Anastasiades, qui avait recueilli 45,4% des voix lors du premier tour le 17 février, s'était dit prêt à des mesures radicales pour obtenir la confiance des bailleurs de fonds internationaux.

M. Malas (26,9% au premier tour), soutenu par le parti communiste Akel du très impopulaire président sortant Demetris Christofias, avait de son côté fait campagne pour le plan de sauvetage, mais contre les mesures d'austérité les plus sévères réclamées en contrepartie par la troïka.

«Je félicite publiquement M. Anastasiades. Maintenant nous avons besoin d'unité, mais nous critiquerons sévèrement tout ce qui pourrait aller contre l'intérêt du peuple ou du pays», a-t-il déclaré devant ses partisans réunis à son QG de campagne.

Concert de klaxons

À Nicosie, devant les locaux du parti Disy (droite), que M. Anastasiades dirige depuis 1997, une large foule a accueilli l'annonce de sa victoire avec des cris de joie, tandis que des concerts de klaxons résonnaient à travers la ville.

«J'ai voté pour Anastasiades (...). Je pense qu'il est le meilleur politicien que nous avons à Chypre. Notre pays a beaucoup de problèmes économiques et nous avons de meilleures chances (de nous en sortir) avec lui», a affirmé à l'AFP Georgios Rossides, un restaurateur de 54 ans.

Les dernières prévisions de la Commission européenne sont en effet pessimistes: l'économie, qui s'est contractée de 2,3% en 2012, devrait poursuivre sa chute en 2013 (-3,5%), et la reprise n'est pas attendue avant 2016.

Le gouvernement chypriote a évalué à 17 milliards d'euros l'aide financière nécessaire, soit l'équivalent de son Produit intérieur brut annuel, destinée en premier lieu à renflouer les banques, très exposées à la dette grecque.

Pour le politologue Christopheros Christophorou, la victoire de M. Anastasiades pourrait créer «un bon climat de compréhension entre Nicosie et Bruxelles».

Face à la sévérité de la crise, la question de la réunification de l'île divisée depuis l'invasion turque de 1974 a été pour la première fois reléguée au second plan des enjeux du scrutin.

Mais la communauté internationale attendra du nouveau président qu'il fasse progresser les négociations menées sous l'égide de l'ONU. En 2004, M. Anastasiades avait soutenu un plan de réunification proposé par l'ONU et accepté par les Chypriotes turcs, mais rejeté par une grande majorité de Chypriotes grecs.

Ce pragmatisme lui a valu de vives critiques, et il prône désormais un consensus politique sur ce dossier, sans pour autant présenter de stratégie claire.