Le nombre de pays européens ayant trouvé des produits estampillés pur boeuf contenant en fait du cheval a augmenté en Europe avec des découvertes vendredi en Norvège et Autriche, alors que la société française Spanghero, première mise en cause par Paris, a clamé son innocence.

Implantée à Castelnaudary, dans le sud-ouest de la France, cette entreprise emploie quelque 300 personnes, au chômage technique depuis la décision jeudi de l'exécutif français de lui retirer son agrément sanitaire.

«Je ne sais pas qui» est à l'origine de la fraude «mais c'est forcément pas nous», a déclaré vendredi le patron de Spanghero, Barthélémy Aguerre, à la radio Europe 1. «J'ai été sidéré» par les accusations des autorités françaises, a-t-il dit.

Huit pays ont jusqu'ici rapporté la présence de viande de cheval dans des plats préparés qui étaient étiquetés pur boeuf après la révélation du scandale au Royaume-Uni et en Irlande il y a un mois. À ce jour, les autorités de ces pays assurent qu'il n'y a pas de risque pour la santé humaine.

Vendredi, les services chargés de la santé et la sécurité alimentaires en Autriche ont annoncé des traces de viande de cheval dans des tortellinis qui n'auraient dû contenir que du boeuf. En Norvège également le groupe de grande distribution NorgesGruppen a annoncé que de la viande de cheval avait été retrouvée dans des lasagnes vendues dans ses magasins puis retirées des rayons.

Au Danemark, le ministère de l'alimentation a indiqué avoir ouvert une enquête sur un abattoir qui pourrait avoir introduit du cheval dans de la viande présentée comme du boeuf destiné à des fabricants de pizza.

Les autres pays touchés jusqu'ici sont la France, l'Allemagne et la Suisse et la Suède.

Selon l'agence française antifraude, le scandale concerne 750 tonnes de viande dont 550 tonnes ont servi à la fabrication de plus de 4,5 millions de plats frauduleux vendus dans 13 pays européens.

Toujours selon cette agence, Spanghero, fournisseur de viande des surgelés Findus, a «réceptionné» durant six mois en pains de 25 kilos 750 tonnes de viande de cheval, «avec l'étiquette douanière» correspondant à de la viande de cheval comme l'ont montré les factures saisies entre un courtier chypriote et la société française basée dans le sud-ouest.

Premières arrestations en Grande-Bretagne

Une brigade de vétérinaires était attendue dans la journée dans les locaux de l'entreprise pour des contrôles.

Plusieurs ministres français avaient la veille porté des accusations graves contre Spanghero, accusée de «tromperie économique», assurant que la société savait qu'elle revendait comme viande de boeuf de la viande chevaline et qu'elle avait trompé ses clients.

«Le gouvernement est allé un peu vite» et «je pense que je vais faire la preuve de notre innocence, de mon innocence en tout cas, et de l'innocence de mes collaborateurs», a fait valoir son directeur.

«Depuis qu'il y a eu le problème, on a analysé les pains de viande et dans certains, on a trouvé du boeuf et du cheval mélangés, ce qui prouve bien que ce n'est pas Spanghero qui a fait la magouille. La magouille, elle vient d'ailleurs», a-t-il assuré.

En Grande-Bretagne, la police britannique a procédé jeudi à de premières interpellations dans cette affaire: trois hommes soupçonnés de fraude ont été arrêtés dans l'usine galloise de Farmbox Meats et dans l'abattoir anglais de Peter Boddy.

L'Union européenne a décidé de lancer une campagne de tests ADN dans tous les États membres et de confier à Europol la coordination des enquêtes judiciaires.