Les groupes français Vinci et Bouygues ont annoncé mercredi avoir évacué «par précaution» leur personnel du site de Tchernobyl après l'effondrement partiel du toit de la salle des turbines, un incident sans gravité, selon la direction de la centrale accidentée en 1986.

Le toit et un mur de la salle des turbines, à quelques dizaines de mètres du sarcophage recouvrant les restes du réacteur accidenté, se sont écroulés partiellement mardi, sans faire de victimes ni provoquer une hausse de radioactivité, a indiqué le service de presse de la centrale.

«Le niveau de radioactivité à la centrale de Tchernobyl et dans la zone qui l'entoure demeure inchangé. Il n'y a pas de victimes», a déclaré la centrale dans un communiqué. «La surface endommagée est d'environ 600 mètres carrés», selon ce texte.

Situé à 150 mètres de ce bâtiment, le chantier de construction du nouveau sarcophage destiné à recouvrir la chape existante a été évacué immédiatement par précaution et l'ensemble des quelque 80 collaborateurs de Novarka, l'entreprise conjointe de Vinci et Bouygues, ont été contrôlés, a déclaré une porte-parole de Bouygues.

«Novarka est en train d'effectuer toutes les mesures de contrôle de contamination surfacique. Celles-ci sont jusqu'à présent en dessous des seuils admissibles», a ajouté la porte-parole.

Le personnel de la centrale travaille comme d'habitude, a indiqué à l'AFP la porte-parole de Tchernobyl, Maïa Roudenko.

«On est dans un régime de travail ordinaire. Selon l'échelle de l'Agence internationale de l'énergie atomique, cet incident n'est même pas qualifié de situation d'urgence. Il ne représente aucun risque», a souligné Mme Roudenko.

L'effondrement, dû à l'accumulation de neige sur le toit, s'est produit à plus de 50 mètres du sarcophage qui recouvre le réacteur accidenté en 1986, a-t-elle précisé.

Il n'y a pas de travaux dans ce local actuellement et le personnel de la centrale ne s'y rend que pour des inspections, a-t-elle expliqué.

Le mur en béton et le toit métallique ont été construits après la catastrophe de 1986 et ne font pas partie des éléments du sarcophage, a assuré l'Agence ukrainienne des situations d'urgence dans un communiqué.

La centrale a lancé mercredi une enquête.

L'ONG Greenpeace s'est déclarée inquiète. «Même si le niveau de radiation n'a pas changé, c'est un signe inquiétant», a déclaré à Interfax Vladimir Tchourov, un responsable de Greenpeace-Russie.

«S'il y a des éléments qui s'écroulent dans la salle des turbines, il n'y a aucune garantie que le sarcophage bâti en 1986 ne commence à s'effondrer prochainement», a-t-il ajouté.

Des craintes rejetées par la centrale : «Nous avons réalisé de 2004 à 2008 un gros projet de stabilisation du sarcophage existant. Tous les éléments instables ont été renforcés et, selon les conclusions d'experts, il tiendra au moins jusqu'en 2023», a déclaré Mme Roudenko.

Une experte indépendante ukrainienne, Olga Kocharna, s'est également voulue rassurante. Les matières radioactives se trouvent essentiellement sous le sarcophage, qui n'a pas été touché par cet incident, a-t-elle souligné.

«Je pense que tout va être réparé et qu'il n'y aura pas de conséquences importantes», a-t-elle ajouté, citée par Interfax.

L'explosion en 1986 du réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, situé à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, près des frontières russe et bélarusse, avait contaminé une bonne partie de l'Europe, mais surtout l'Ukraine, la Russie et le Bélarus, alors républiques de l'URSS.

Le réacteur accidenté avait été recouvert à toute vitesse d'un sarcophage en béton, aujourd'hui fissuré. Des travaux sont menés par Novarka pour construire une nouvelle chape étanche destinée à réduire les risques de fuite radioactive. Celle-ci doit être opérationnelle en 2015.

Le dernier des quatre réacteurs de Tchernobyl a été arrêté en 2000.