Le président russe, Vladimir Poutine, a demandé mercredi à son délégué aux droits de l'homme, Mikhaïl Fedotov, de lui adresser à l'avenir «directement» ses observations et non par l'entremise des médias, après que celui-ci eut critiqué une proposition de loi réprimant les manifestations.

«Vous êtes conseiller du président, vous pouvez vous adresser directement au président», a dit M. Poutine à M. Fedotov au cours d'une réunion, selon le compte rendu publié par le Kremlin.

«Mikhaïl Alexandrovitch (Fedotov) a exprimé sa préoccupation à propos des amendements à la loi [...]. Je vois qu'au gouvernement aussi, certains s'adressent à la direction du pays par médias interposés. Ce n'est pas nécessaire. On peut discuter en direct, discuter de tout problème, de toute question», a ajouté M. Poutine.

Concernant le texte, proposé par le parti au pouvoir Russie unie, le gouvernement part «du principe que tout amendement, toute modification [de la loi existante] doit renforcer le caractère démocratique de l'État. C'est le premier point», a poursuivi le président russe.

«Le deuxième, bien sûr, c'est que nous devons protéger les gens des tendances extrêmes et radicales. La société, l'État sont en droit de se protéger de ces tendances», a encore déclaré M. Poutine.

Il a recommandé d'adopter des mesures «équilibrées».

M. Fedotov préside le Conseil pour le développement de la société civile et les droits de l'homme, structure consultative auprès de la présidence russe. Il a critiqué hier, dans des déclarations faites à l'agence publique de presse Itar-Tass, une loi adoptée la veille en première lecture à la Douma (Chambre basse du Parlement), qui augmente considérablement les amendes pour les organisateurs et les participants à des manifestations non autorisées.

«Si le but de la proposition de loi est de faire baisser l'activité dans la rue, dans l'état actuel, elle ne remplit pas cette fonction. Le montant exorbitant des amendes (de 32 000$ à 49 000$) ne peut qu'amener à l'indignation de la rue, à sa radicalisation», a déclaré M. Fedotov.