Cent douze personnes ont été arrêtées dans vingt-deux pays d'Europe lors d'une vaste opération policière de lutte contre la pornographie infantile sur l'internet, a annoncé vendredi l'organisation de coopération policière européenne Europol.

«Nous avons identifié jusqu'ici dans vingt-deux pays 269 suspects et arrêté 112 personnes», a déclaré le directeur d'Europol Rob Wainwright, lors d'une conférence de presse à La Haye, où siège l'organisation.

Baptisée «Opération Icare», l'opération «visait ceux qui échangent les formes les plus extrêmes de matériel vidéo, les pires images imaginables, dont des bébés et des enfants en bas âge abusés sexuellement», a expliqué M. Wainwright.

Quelque 9000 heures de vidéos de haute qualité ont été saisies dans le cadre de l'enquête, a indiqué de son côté le commissaire danois Jens Henrik Hoejbjerg, selon lequel les suspects échangeaient des fichiers via la technique du «peer-to-peer», c'est-à-dire d'un ordinateur à l'autre.

La direction des investigations avait été prise par la police danoise en raison de son «expertise» dans le secteur du partage illégal de fichiers via internet, a précisé Europol.

Celle-ci a collecté rapidement des renseignements sur les suspects grâce à un nouveau logiciel développé au Danemark et les a transmis aux polices nationales des différents pays concernés.

«Le travail mené par la police danoise a été effectué en septembre et les arrestations ont eu lieu en octobre et novembre, mais cela diffère d'un pays à l'autre», a souligné M. Hoejbjerg.

Au total, 189 perquisitions ont été menées aux domiciles des suspects. Le matériel saisi va être examiné afin de permettre la poursuite des enquêtes.

Au Danemark, dix-neuf personnes, des hommes âgés de 24 à 55 ans, ont été arrêtées «pour possession et distribution de matériel de pornographie infantile», selon un communiqué de la police danoise.

Celle-ci a aussi saisi «59 ordinateurs et 2430 médias externes (disques durs, clés USB, DVD, etc.)». Une quantité de données de 29 téraoctets a été confisquée à une seule personne, selon la même source.

En Belgique, «dix-neuf suspects ont été identifiés dans huit arrondissements judiciaires», selon un communiqué de la police fédérale belge qui a précisé qu'une personne avait été arrêtée.

«Je n'ai aucun doute sur le fait que le nombre de suspects va augmenter, je n'ai aucun doute sur le fait que d'autres pays vont être concernés», a assuré M. Wainright, précisant que l'enquête était «loin d'être finie».

«Nous avons saisi plus de 120 fichiers chez un seul suspect, ce qui représente plus de 600 heures de film de haute qualité», a précisé le directeur d'Europol.

«Nous envoyons ici un message très clair: tout ce qui se passe en ligne laisse une empreinte», a-t-il poursuivi: «nous les traquons (les suspects, NDLR) et nous faisons tout ce que nous pouvons pour protéger nos enfants». «Derrière chaque image se trouve un enfant détruit», a-t-il insisté.

Europol a refusé de donner des détails sur les pays concernés, les personnes arrêtées et les victimes, indiquant seulement que les suspects «étaient âgés de 20 à 50 ans».

Lors d'une précédente opération de police coordonnée par Europol, près de 200 personnes avaient été arrêtées en mars dans le cadre du démantèlement d'un vaste réseau international de pornographie infantile sur l'internet, constitué à partir d'un forum ayant compté jusqu'à 70 000 membres.