Le directeur général de l'agence chargée de la collecte des impôts en Italie, Equitalia, a été blessé vendredi à Rome dans l'explosion d'un colis piégé revendiquée par des anarchistes italiens, auteurs d'un attentat similaire visant le patron de la Deutsche Bank il y a deux jours.

«Il y avait une note signée par la FAI» dans le colis piégé, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police.

La Federazione Anarchica Informale (FAI) avait déjà revendiqué l'envoi mercredi à Francfort, d'une lettre piégée contenant un dangereux explosif au patron de la première banque allemande Deutsche Bank, Josef Ackermann. Ce colis piégé avait pu être désamorcé à temps.

Une enquête a été ouverte pour «attentat à finalité terroriste».

Le colis, qui avait été posté à Milan, a explosé vers 11h30 GMT (6h30, heure de Montréal) quand le directeur, Marco Cuccagna, 50 ans, patron d'Equitalia depuis 2008, l'a ouvert.

M. Cuccagna «a été blessé à la main et aussi au visage, quand un bureau en verre a volé en éclats», a précisé à la presse un des directeurs adjoints d'Equitalia, Angelo Coco. M. Cuccagna a eu des points de suture à un doigt.

Le président du Conseil Mario Monti a aussitôt exprimé sa «solidarité» au directeur.

«Equitalia a toujours et continuera à accomplir son devoir, dans le plein respect des lois. Une fonction essentielle pour le fonctionnement de l'État, sans laquelle il ne serait pas possible de fournir des services aux citoyens et à leurs familles», a écrit M. Monti dans un communiqué.

Equitalia est une société publique détenue à 51% par l'administration fiscale italienne et à 49% par l'INPS, l'organisme italien de sécurité sociale et de retraites. Chargé de collecter les impôts et les charges sociales, cet organisme est impopulaire en Italie: des citoyens ont manifesté devant ses agences, l'accusant de commettre des erreurs auprès des contribuables qui paient régulièrement leurs impôts alors que l'évasion fiscale est très répandue dans le pays.

Selon le directeur adjoint Angelo Coco, Equitalia a été «victime d'une campagne de dénigrement» d'«une certaine presse» et «de politiciens de seconde zone».

Cet attentat intervient quelques jours après l'adoption en conseil des ministres d'un train de mesures d'austérité, très sévère, qui prévoit de nouveaux impôts ainsi que le blocage de certaines retraites.

Pour le maire de Rome, Gianni Alemanno, il s'agit d'une tentative «terroriste d'exploiter les sacrifices que l'Italie doit faire pour sortir de la crise». «C'est une tentative qui sera repoussée», a-t-il affirmé alors que le pays est toujours traumatisé par les attentats commis durant les «années de Plomb» de la fin des années 1970, tant par l'extrême-droite que l'extrême-gauche.

«Cet épisode intervient à un moment d'extrême difficulté sociale pour le pays, au cours duquel il est fondamental de maintenir la protestation dans un cadre civil et pacifique», a commenté le responsable sécurité du principal parti de gauche, le Parti démocrate (PD), Emanuele Fiano.

Le préfet de police de Rome, Francesco Tagliente, a lancé un appel à la vigilance.

La FAI (Federazione Anarchica Informale), commet ce type d'actions en Italie depuis les années 2000, ciblant les administrations, des personnalités, les carabiniers, la police, l'université, des prisons, des ambassades, etc.

Dans une lettre de revendication, manuscrite et en italien, cachée dans la lettre piégée, l'organisation évoquait «trois explosions contre des banques, banquiers, des tiques et des sangsues», avait indiqué la police allemande.

La FAI avait ciblé en 2003 la Banque centrale européenne (BCE), avec une lettre piégée qui n'avait pas fait de victime. Lors des fêtes de fin d'année en 2010, elle avait fait exploser des colis piégés dans les ambassades de Suisse et du Chili à Rome, blessant deux personnes.

L'organisation anarchiste avait également expédié des colis piégés en Suisse et en Grèce en 2011.