Écoles fermées, hôpitaux et services municipaux ralentis: les salariés du public étaient en grève mercredi au Royaume-Uni, un mouvement dont les syndicats entendaient faire une véritable démonstration de force contre un gouvernement intraitable sur sa réforme des retraites.

D'après les organisateurs, jusqu'à deux millions de personnes devaient se joindre à cette action dans un pays peu habitué aux grands mouvements sociaux et toujours très sourcilleux sur les retombées négatives pour les usagers.

Aucune estimation précise de la participation n'était disponible à la mi-journée. Un millier de manifestations étaient également programmées dans le cadre de ce mouvement avec lequel l'opposition travailliste a pris ses distances.

Les premiers effets de la grève se sont fait sentir rapidement: des milliers de familles ont dû garder leurs enfants à la maison, les trois quarts des écoles étant touchés. En Angleterre, seuls 13% des établissements fonctionnaient normalement. Le gouvernement a d'ailleurs appelé à la bienveillance les chefs d'entreprise leur demandant d'accepter les enfants de leurs salariés au bureau.

Des piquets de grève ont été installés devant les bâtiments publics, notamment les hôpitaux où souvent seuls les soins d'urgence étaient assurés. Les services municipaux tournaient eux aussi au ralenti, comme les tribunaux.

Ports et aéroports où l'on craignait des files d'attente massives, faute de fonctionnaires en nombre suffisant pour le contrôle aux frontières, ont en revanche été épargnés.

Au départ et à l'arrivée des trains Eurostar, aucune perturbation n'était visible. Pas plus que dans les deux plus grands aéroports du pays, Gatwick et Heathrow où le personnel avait pourtant prévu des biscuits et de l'eau pour nourrir d'éventuels passagers bloqués.

D'après un porte-parole de British Airways, deux tiers environ des salariés chargés du contrôle à Heathrow étaient à leurs postes.

Le gouvernement s'était, il est vrai, efforcé de limiter la pagaille en appelant des fonctionnaires des ministères à remplacer les grévistes.

Certaines compagnies ont aussi anticipé en annulant des vols.

«Comme j'ai un passeport américain, je pensais devoir attendre beaucoup plus longtemps», s'est réjouie Dawn Wilson, une étudiante de 28 ans, à son arrivée à Heathrow.

«Il est très significatif qu'Heathrow, qui est censé être le plus vulnérable, semble fonctionner correctement», n'a pas manqué de souligner Francis Maude, secrétaire d'État auprès du premier ministre David Cameron.

Ce dernier a qualifié le mouvement de «pétard mouillé», insistant sur le caractère «absolument essentiel» de la réforme des retraites du fait de l'allongement de l'espérance de vie et du nécessaire équilibre avec le secteur privé.

Dans le cadre de son plan de rigueur, le gouvernement prévoit de repousser l'âge de départ à la retraite dans le secteur public à 66 ans en 2020 -contre 60 ans pour la plupart actuellement- et d'augmenter les cotisations.

La pilule a d'autant plus de mal à passer qu'il vient d'annoncer un gel des salaires des fonctionnaires jusqu'en 2013, qui s'ajoute aux 710 000 suppressions de postes d'ici 2017 dans la fonction publique.

«Ce gouvernement prend plein d'argent aux plus pauvres», mais «il ne touche ni aux bonus, ni aux banques», se plaignait Russel Challinor, 49 ans, qui participait à un piquet de grève devant une mairie, dans le centre de Londres.

À l'hôpital d'University College, une centaine de personnes étaient installées à l'entrée avec des pancartes proclamant: «retraites: bas les pattes!». Dans la rue, des automobilistes actionnaient leurs avertisseurs pour saluer les grévistes.

D'après un récent sondage, 49% des Britanniques sont opposés à ce mouvement.