Le bilan d'une épidémie de diarrhées mortelles est monté à 30 morts jeudi, alors que l'Espagne obtenait le soutien de Berlin pour rétablir la réputation de ses légumes, accusés à tort d'être porteurs de la bactérie tueuse.

La bactérie ECEH a fait un trentième mort, un homme de 57 ans ayant succombé à Francfort, ont annoncé les autorités régionales. Le même jour, l'Institut Robert Koch, chargé de la veille sanitaire, puis le Land de Basse-Saxe, qui compte le plus grand nombre de morts, avaient chacun annoncé deux nouveaux décès.

Les autorités sanitaires cherchent toujours l'origine de la contamination par une souche rare et très virulente de la bactérie E.coli entérohémorragique (ECEH) qui se traduit par des diarrhées sanglantes et peut déboucher sur des troubles rénaux parfois mortels (syndrome appelé SHU).

Leurs soupçons se portent encore sur une ferme horticole qui produit notamment des graines germées en Basse-Saxe, où deux des employés étaient tombés malades avant que l'épidémie ne s'étende.

À Berlin, le ministre espagnol aux Affaires européennes, Diego Lopez Garrido, a annoncé dans une conférence de presse avoir obtenu le soutien de l'Allemagne pour une campagne de promotion des fruits et légumes espagnols.

«Le gouvernement allemand s'est engagé à s'efforcer de rétablir le prestige des produits agricoles terni par la crise en Allemagne», a-t-il déclaré après des entretiens avec son homologue allemande Werner Hoyer.

L'Espagne, premier exportateur de fruits et légumes de l'Union européenne, écoule 25% de sa production en Allemagne, a-t-il souligné.

Les producteurs allemands sont également touchés par la chute drastique des ventes de légumes. Selon la Fédération des agriculteurs allemands, le manque à gagner s'élève pour eux à 60 millions d'euros depuis le début de cette crise.

M. Hoyer a exprimé «ses profonds regrets» à la suite des dommages causés aux agriculteurs espagnols «par les premières déclarations imputant à des concombres espagnols l'origine de l'épidémie», a rapporté le ministre.

Les autorités sanitaires de la ville de Hambourg avaient affirmé le 26 mai avoir trouvé la bactérie tueuse sur des concombres importés d'Espagne. Des analyses ultérieures avaient prouvé qu'il ne s'agissait pas de la même bactérie.

M. Lopez Garrido a par ailleurs laissé entendre que le gouvernement espagnol ne réclamerait pas à Berlin de dommages et intérêts pour ses maraîchers, mais n'a pas exclu que des agriculteurs privés portent plainte contre Hambourg.

L'Espagne a décidé d'aller de l'avant et a demandé conjointement avec l'Allemagne, des compensations à l'Union européenne (UE) pour tous les agriculteurs européens touchés par la crise, a-t-il poursuivi.

Mais «ça n'a rien à voir avec le fait que des entreprises privées portent éventuellement plainte contre les autorités de Hambourg» devant les tribunaux allemands. «Nous, le gouvernement, n'avons pas à nous mêler de ça».

Il a estimé que la nouvelle proposition faite mercredi par la commission européenne de 210 millions d'euros(environ 297 millions de dollars) de compensations pour les producteurs de légumes de l'UE confrontés à un effondrement de leurs ventes n'était pas encore suffisante.

Mais l'important, a-t-il dit, c'est «qu'on commence à débourser ces sommes le plus rapidement possible et que les agriculteurs touchés commencent à recevoir les paiements qui leur sont dus».

La crise de la bactérie ECEH empoisonne aussi les relations entre la Russie et l'Union européenne, qui se retrouvent jeudi et vendredi au sommet à Nijni-Novgorod. Bruxelles proteste contre l'embargo imposé la semaine dernière par Moscou sur les légumes européens.

L'Espagne comme l'Allemagne jugent cet embargo «injustifié et disproportionné», a déclaré M. Lopez Garrido.

Par ailleurs, la Fédération britannique d'aviron a annoncé que son équipe renonçait à l'étape de la Coupe du monde prévue à Hambourg mi-juin.