Le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders a défendu la liberté d'expression lundi, lors de l'ouverture de son procès à Amsterdam pour incitation à la haine envers les musulmans, et demandé la récusation de ses juges.

«Je suis poursuivi en justice, mais avec moi, c'est la liberté d'expression de beaucoup de Néerlandais qui est poursuivie en justice», a lancé aux juges le chef de file du Parti pour la liberté (PVV), arrivé troisième lors des élections législatives anticipées du 9 juin.

«J'ai donné mon opinion dans le cadre du débat public et je peux vous assurer que je continuerai à le faire», a ajouté M. Wilders : «la démocratie a besoin d'un débat ouvert et libre, surtout sur des sujets sensibles».

Geert Wilders, 47 ans, a été autorisé par les juges à s'exprimer pendant deux minutes à l'ouverture de l'audience, comme l'avait demandé son avocat. Celui-ci a annoncé qu'ensuite, son client ne prendrait plus la parole durant le procès, prévu sur sept journées d'audience.

«J'ai dit tout ce que je voulais dire et n'en retirerai aucun mot», a dit M. Wilders : «sur conseil de mon avocat, je fais appel à mon droit au silence».

Le député a ensuite gardé ostensiblement le silence lorsque le président Jan Moors lui demandait de confirmer les propos qui lui étaient attribués dans la presse.

Geert Wilders a un peu plus tard demandé la récusation de ses juges. Il a reproché au président Jan Moors ses commentaires à propos de son droit au silence qui, selon lui, sèment un doute sur l'impartialité du tribunal.

Le président avait lancé au prévenu : «vous semblez être bon pour émettre une opinion mais ensuite vous évitez la discussion. Il semble un peu que vous faites cela aujourd'hui encore».

«Avec ce tribunal, un procès équitable n'est selon moi plus possible», a affirmé Geert Wilders, qualifiant les propos du magistrat de «déplacés» et de «scandaleux». Il a dit avoir l'impression de se retrouver au parlement, «face à un collègue de D66», un parti centriste néerlandais.

Une chambre indépendante a été nommée pour statuer sur la demande de récusation et rendra sa décision mardi à 14H00 (8H00 HNE). Le procès a été suspendu d'ici là.

Le député est poursuivi pour avoir qualifié l'islam de «fasciste» et réclamé l'interdiction du Coran, comparé au livre «Mein Kampf» d'Adolf Hitler, dans des déclarations faites entre octobre 2006 et mars 2008 dans des journaux néerlandais, sur des forums Internet et dans son film de 17 minutes «Fitna».

M. Wilders, qui encourt un an de prison ou 7 600 euros d'amende, est prévenu d'incitation à la haine raciale et à la discrimination envers les musulmans et les étrangers non-occidentaux, en particulier les Marocains, ainsi que d'injures envers les musulmans.

Une dizaine des 24 députés que compte le parti anti-islam de M. Wilders avaient pris place aux premiers rangs de la tribune réservée au public tandis qu'une dizaine d'opposants au député néerlandais s'étaient rassemblés près du tribunal, protégé par plusieurs dizaines de policiers.

M. Wilders s'est engagé à soutenir un futur gouvernement minoritaire composé des libéraux, arrivés en tête aux élections législatives anticipées du 9 juin, et des chrétiens-démocrates.

Libéraux et chrétiens-démocrates ont besoin des députés du parti de M. Wilders, qui a participé à l'élaboration du programme de la future coalition, pour avoir une majorité parlementaire.