La ministre française de la Justice s'est adressée à l'Assemblée nationale mardi pour défendre une loi vivement débattue qui interdirait le port du voile intégral (niqab et burqa) dans l'espace public, faisant valoir que le fait de cacher son visage à ses voisins est contraire aux valeurs françaises.

Le discours de la ministre et Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, devant l'Assemblée nationale a marqué le début du débat parlementaire sur le projet de loi. Le texte a de bonnes chances d'être adopté malgré les inquiétudes de plusieurs musulmans de France, qui craignent d'être ainsi stigmatisés. Plusieurs juristes font aussi valoir qu'une telle loi serait anticonstitutionnelle.

Le gouvernement a utilisé plusieurs stratégies pour vendre sa proposition, la présentant alternativement comme une manière de promouvoir l'égalité entre les sexes, de protéger les femmes opprimées ou d'assurer la sécurité dans les lieux publics.

Mme Alliot-Marie a soutenu que le projet de loi n'avait rien à voir avec la religion ou la sécurité -elle a simplement déclaré que la vie dans la République française se déroulait à visage découvert.

C'est une question de dignité, d'égalité et de transparence, a-t-elle dit dans un discours qui a peu fait mention du voile islamique. Les responsables se sont efforcés d'élaborer un langage qui ne stigmatise par les musulmans: alors que le projet de loi est familièrement appelée la «loi anti-burqa», son nom officiel est «loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public».

Le port du voile islamique ordinaire (hijab) est courant en France, mais le voile intégral y reste rare; selon le ministre de l'Intérieur, elles ne sont que 1900 femmes à le porter.