Le Bélarus, en conflit avec la Russie, a annoncé mardi qu'il allait interrompre le transit de gaz vers l'Europe sur son territoire et commencer à prélever du gaz russe, mais Moscou a assuré ses clients européens qu'ils ne souffriraient pas de ce nouveau bras de fer gazier.

«J'ai ordonné au gouvernement de stopper le transit du gaz russe via la Biélorussie tant que (le groupe public russe) Gazprom ne paiera pas le transit de son gaz», a déclaré le président de l'ex-république soviétique Alexandre Loukachenko, à la télévision biélorusse.

«Les déclarations des dirigeants russes humilient le peuple biélorusse», a dit M. Loukachenko, qui rencontrait justement le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Mardi soir, Minsk a annoncé avoir commencé à prélever du gaz russe destiné aux Européens.

«Nous avons ordonné de commencer le prélèvement de gaz afin de soutenir le système d'approvisionnement en gaz de la Biélorussie», a déclaré le premier vice-premier ministre biélorusse Vladimir Semachko à la chaîne de télévision nationale «Stolitchnoe televidenie».

La Russie et la Biélorussie se réclament mutuellement autour de 200 millions de dollars, d'un côté pour le gaz consommé et de l'autre pour le transit. Environ 20% du gaz russe consommé par l'Europe passe par des gazoducs traversant la BIélorussie.

Le géant gazier russe, qui avait déjà réduit ses livraisons à la Biélorussie de 15% lundi, est passé mardi à la vitesse supérieure, en supprimant 30%. Il envisage d'aller jusqu'à 85% en l'absence d'accord.

Gazprom a assuré avoir pris des mesures pour que ses clients européens ne souffrent pas du conflit, comme cela avait été le cas pendant la guerre du gaz entre la Russie et l'Ukraine en janvier 2009.

«Nos clients européens vont recevoir tout le volume prévu dans nos contrats, indépendamment des agissements de Minsk», a assuré le porte-parole du géant public, Sergueï Kouprianov. Le groupe envisage notamment d'augmenter ses livraisons via l'Ukraine voisine et de puiser dans ses réserves souterraines situées en Europe.

Le président du Parlement européen, le Polonais Jerzy Buzek, en visite à Moscou mardi, a toutefois évoqué une baisse de pression dans les gazoducs en Lituanie, Allemagne de l'est et Pologne, ont rapporté les agences russes. «Les volumes qui sont fournis maintenant sont inférieurs aux attentes», a-t-il dit.

Mais le ministre russe de l'Énergie, Sergueï Chmatko, lui a répondu n'avoir «aucune information en ce sens. Les livraisons, notamment en Pologne s'opèrent à plein régime», a-t-il dit.

Selon lui, les troubles actuels entre Moscou et Minsk seront «de courte durée».

M. Buzek a indiqué que l'UE était prête à dépêcher des observateurs pour surveiller le transit de gaz russe, comme lors d'autres crises dans le passé, mais n'entendait pas s'immiscer dans le conflit.

Plus tôt dans la journée, l'Union européenne avait appelé les deux capitales au respect de leurs «obligations contractuelles».

Les Européens avaient déjà subi en janvier 2009 une interruption de deux semaines des livraisons russes, à la suite d'un conflit entre Moscou et Kiev.

Si la Biélorussie devait cesser d'approvisionner l'Europe, la Lituanie serait le pays de l'UE le plus touché. La Pologne et l'Allemagne pourraient être indirectement affectées, selon Bruxelles.

De l'avis général, la crise actuelle paraît toutefois moins grave qu'en 2009 pour l'Europe car elle concerne des volumes de gaz moins importants, dans une période estivale de demande relativement faible du fait notamment de la crise économique).

Pour la presse russe, cette nouvelle guerre du gaz s'explique surtout par le refus de la Biélorussie d'adhérer à une union douanière, un projet voulu par Moscou et qui peine à démarrer.