L'Espagne a fait un premier pas vers l'interdiction des crucifix à l'école avec l'approbation mercredi soir d'une initiative parlementaire demandant au gouvernement d'appliquer la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

Saisie par une mère de famille italienne, la CEDH qui siège à Strasbourg avait condamné début novembre l'Italie pour la présence de crucifix dans les salles de classe, jugée contraire au droit des parents à éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion.

Les juges avaient estimé que la croix pouvait aisément être interprétée par des enfants de tous âges comme un signe religieux, potentiellement perturbant pour des élèves d'autres religions ou athées.

L'initiative espagnole, lancée par les députés du petit parti de gauche catalan ERC, a été approuvée en commission parlementaire, par 20 voix pour et 16 contre, avec le soutien des députés du Parti socialiste (PSOE) et des Galiciens du BNG. Le principal parti d'opposition, le Parti populaire (droite), a voté contre.

Les députés d'ERC avaient annoncé, le lendemain de la condamnation de l'Italie par la CEDH, leur intention de promouvoir cette initiative.

Les organisations regroupant les écoles privées espagnoles s'étaient quant à elles insurgées contre la décision de la CEDH, «inadmissible et surprenante», estimant que «si quelque chose de la sorte devait se passer en Espagne, il faudrait manifester avec force».

À l'inverse, l'association Espagne laïque avait estimé que la CEDH avait fait «honneur à son nom», demandant au gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, en délicatesse avec l'Église catholique sur de nombreux sujets, de s'en inspirer.

En 2008, un tribunal de Valladolid saisi par un parent d'élève, avait, pour la première fois en Espagne, ordonné à une école publique de «retirer les symboles religieux des salles de classe», en l'espèce des crucifix.

Malgré la constitution de 1978 assurant du caractère aconfessionnel de l'État espagnol, les symboles catholiques restent très présents dans le pays, 30 ans après la dictature qui avait fait du catholicisme une religion d'État.